88 milliards de dettes et moins de 3 dollars par jour pour vivre en Égypte.
Qui l’aurait cru, la famille Moubarak est à la tête d’une des plus grandes fortunes du monde. Avec un pactole estimé selon les sources entre 40 et 70 milliards de dollars, Moubarak, ses fils Gamal et Alâa ainsi que leur mère Suzanne, se placent dans le top-ten des magnats de la planète. Seraient-ils plus riches que Bill Gates, le fondateur de Microsoft, qui, en passant a rendu un service incontestable au développement technologique de l’humanité, et plus fortunés que certains émirs du golfe ? Serait-ce une opération d’intox destinée à pousser les égyptiens, dont 40 % de la population vivrait avec moins de 3 dollars par jour à redoubler de férocité face au régime ? Où simplement d’une lubie, une fantaisie, relayée par les réseaux sociaux des jeunes égyptiens dans sa « guerre » médiatique contre le pouvoir du Caire ?
Le classement du magazine Forbes pour 2011 ne signalait pour l’Égypte que les membres de la famille Sawiris (Nassef, Onsi, Naguib et Samih) parmi les milliardaires de la planète avec une fortune totale évaluée à 13 milliards de dollars.
Mais, il faut rappeler que la question de la fortune des Moubarak s’est déjà posée depuis plusieurs années sur la place publique égyptienne sans pour autant obtenir la moindre explication politique. L’ex-candidat malheureux à l’élection présidentielle, Anwar Nour, s’est publiquement interrogé sur la richesse de la famille régnante en 2005 et notamment celle de Gamal Moubarak destiné à succéder à son père à la tête du pays.
Depuis au moins deux décennies, diverses sources financières et universitaires avaient déjà constaté et signalé le fulgurant enrichissement de Moubarak père puis de ses deux fils et enfin de leur mère qui aurait fait son entrée dans le restreint club des milliardaires dans le monde en 2004. Selon ces sources, l’origine de cette accumulation remonterait à l’époque ou le général Moubarak dirigeait l’armée de l’air égyptienne. À ce titre, il négociait les contrats militaires pour la fourniture d’équipements militaires à l’aviation. Cette fortune allait se multiplier après sa prise de pouvoir au lendemain de l’assassinat de Sadate et son accession à la tête de l’État. Poursuivant la politique d’infitah de son prédécesseur, Moubarak allait méthodiquement mettre la main sur l’économie du pays : toutes les opérations d’investissements étrangers devaient obtenir l’aval du Raïs puis de ses fils associés directement à la prédation en véritables parrains.
La passation des marchés publics et privés, les contrats de vente et d’achat, les cessions foncières, les opérations financières, les investissements touristiques, l’installation des entreprises étrangères, étaient soumis à une « taxation » d’office.
Gamal Moubarak aurait commencé son business dans les années 80 en en spéculant sur la dette de son pays sur le marché financier international. La livre égyptienne s’échangeait à 25 % de sa valeur et était garantie par l’État égyptien ! Puis, avec les bénéfices réalisés, acquérait des terrains militaires du « désert d’Ismaïlia » à des prix défiant toute concurrence qu’il revendit à des investisseurs venus s’installer dans la nouvelle zone industrielle. Le programme de privatisation lancé par son père assurera la suite de la fortune.
Le produit de ces « intermédiations » était directement versé par les « partenaires » dans des comptes en banques en Europe, notamment les banques suisses et britanniques. Des banques qui refusent de communiquer sur les dépôts de leurs clients. Ce qui rend compliquée la justification des estimations données par les observateurs. Par ailleurs, les mêmes sources (dont ABC News) indiquent que la famille Moubarak possède, en dehors de l’Égypte, des propriétés aux États-Unis, en Grande-Bretagne (dont les fils et la mère détiennent la nationalité), en France, en Suisse, en Allemagne, en Espagne et à Dubaï. Par ailleurs, Gamal et Alâa ont créé et pris des participations dans de nombreuses sociétés en Europe et aux États-Unis.
Les analystes avaient estimé cette valeur nette de la fortune des Moubarak par comparaison aux fortunes amassées par des dictateurs d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie mais également des monarchies du Golfe grâce à la corruption et à la concussion.
Sur Maydan Al-Tahrir, les opposants au régime comptent demander des comptes à la famille du président après son départ … et certaines ONG escomptent demander des comptes à certains organismes financiers occidentaux. … Min Ayn laka Hada ?
Dahou Ezzerhouni