L’Algérien Mohamed Arkoun, islamologue et historien de l’Islam, est décédé dans la soirée du mardi, à l’âge de 82 ans, après une lutte avec la maladie. Arkoun est né en 1928 dans le village de Taourit à Tizi Ouzou.
Il a entamé ses études universitaires à la faculté de philosophie en Algérie, avant de se diriger vers la Sorbonne où il a obtenu son doctorat. Il a officié en tant que professeur émérite d’histoire de la pensée islamique et de la philosophie à la Sorbonne à la fin des années 60 du siècle dernier. Il a également travaillé en tant que chercheur dans de nombreuses universités en Allemagne et en Grande Bretagne.
Cet illustre chercheur francophone a été connu pour avoir utilisé de nombreuses méthodologies scientifiques dont l’anthropologie historique, la linguistique, et les outils de lecture de l’histoire dans l’étude des textes religieux et des religions.
Mohamed Arkoun est considéré comme l’un des chercheurs les plus distingués des études islamiques contemporaines, celui qui a développé des lectures critiques des théories enracinées dans ce domaine.
Le défunt a défini son travail au sein de ce qui est appelé « le groupe de Paris », qui fait partie d’un groupe plus large « des recherches islamo-chrétiennes », en ces termes : « j’ai essayé de faire bouger la question de révélation sur la base de la foi religieuse orthodoxe et le discours confessionnel qui écarte les autres de la manne du sauvetage dans l’au-delà en vue de la monopoliser pour les siens. J’ai essayé de faire bouger la question de révélation à partir de ce terrain traditionnel connu vers celui de l’analyse linguistique et sémantique argumentée, lié lui aussi, à une nouvelle pratique de la science et de l’étude de l’histoire ».
Mohamed Arkoun a écrit de nombreux ouvrages dont « La fibre humaniste dans la pensée arabe », « La pensée fondamentaliste », « Vers une autre histoire de la pensée islamique », « L’Islam, l’Europe et l’Occident », » Où est la pensée islamique contemporaine », « La pensée islamique : critique et Ijtihad » (effort de réflexion pour l’exégèse du Coran), « Lectures du Coran », « Penser l’islam aujourd’hui » etc.
La scène arabe a vu cette année la disparition de plusieurs symboles de la pensée et de la littérature dont le penseur et philosophe marocain Mohamed Abed al-Jabri, le romancier algérien, Tahar Ouettar, le chercheur égyptien Nasr Hamed Abouzid, et l’homme de lettres et diplomate saoudien Ghazi EL-Kessibi.
BBC arabic