La diaspora est avant tout une situation et non une qualité en soi. Cette précision est d’autant plus importante qu’elle nous éviterait d’évoquer les Algériens d’ailleurs avec fierté, étant dispersés (c’est le terme exact) presque par contrainte et non par choix.
Ils sont nombreux nos compatriotes à faire la fierté et les beaux-jours d’autres pays. Les multinationales se les disputent, l’Algérie (officielle) les méprise, même si sur le plan du discours, elle prétend leur accorder sa plus grande attention. Entre les deux, le divorce est consommé. Pourquoi cette rupture? Les raisons sont à rechercher des deux côtés. Pour nos têtes pensantes, on aime le pays, à condition de ne pas y être (constamment).
Pour nos têtes dirigeantes, l’utilité de notre diaspora n’est pas tellement évidente, étant donné qu’elle ne nous apporterait que… de la matière grise, attribut naturelle qu’on a du mal à supporter à cause de toutes les contraintes qui vont avec. Prenons l’exemple du Maroc : chez nos frères voisins, les diplômés des grandes écoles, françaises par exemple, peuvent prétendre, dans leur pays, aux même avantages et conditions de travail proposés dans les pays développés.
Autrement dit, le Royaume chérifien ne trouve aucun inconvénient à versé des salaires mensuels à ses génies équivalents à 3.000, 4.000 ou même 5.000 euros et plus. Pas la peine d’en rêver ici en Algérie, sauf si vous prétendez au poste de ministre ou de député. Mais là, votre QI importe peu. Même qu’il peut vous pénaliser à force d’augmenter.
Cependant, croire que tout est question d’argent dans la fracture entre l’Algérie et sa diaspora serait commettre une erreur monumentale. Ould Abbés aura beau à créer des canaux avec la communauté algérienne établie à l’étranger, à réduire la billetterie d’Air Algérie, ou à crier sur tous les toits que l’Algérie a besoin de ses enfants (ce qui n’est pas faux), la probabilité de voir la diaspora algérienne retourner au bercail est quasi nulle.
La situation est assez étrange, à un point tel, qu’un Algérien travaillant chez une multinationale, leader mondial dans le domaine du consulting financier, a qualifié un tel acte de «haram». La raison : la schizophrénie officielle et étatisée. En Algérie, la médiocrité règne en maitresse absolue. Le nivellement par le bas est une tradition presque dogmatique. Le déni de la compétence est généralisé et l’activité rentière a acquis le statut d’industrie.
Comment imaginer des gens, sollicités par les plus puissants de ce monde, évoluer dans un environnement pareil, hostile et décadent? Est-il honnête de leur demander d’abandonner leur quotidien rempli de défis et de course au savoir, pour le troquer contre des semaines monotones et stériles, où l’on fait qu’attendre la réparation de la photocopieuse, bloquée par une bureaucratie galopante? Ce que la diaspora algérienne recherche là où elle-est, est loin d’être exclusivement financier. Elle recherche une mobilité qu’une Algérie en panne ne peut, malheureusement, pas lui offrir.
Par Hicham N.
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