e Collectif des familles des disparus en Algérie, ces personnes enlevées ou exécutées par les services de sécurité dans les années 90, a lancé vendredi un appel au rassemblement mercredi prochain devant l’ambassade d’Algérie à Paris, pour dénoncer la répression dont les membres de cette association font l’objet de la part des services de sécurité.
Alors que les mères et les proches de disparus se retrouvent depuis 12 ans chaque mercredi à Alger, ce rassemblement hebdomadaire, « devenu symbole de revendication et de résistance, a subitement été interdit le 4 août », a dénoncé le CFDA dans un communiqué.
Les autorités interdisent en effet cette réunion organisée devant le siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), un satellite du pouvoir, pour réclamer pacifiquement la vérité sur les disparus, enlevés dans le cadre de la lutte contre les islamistes armés.
Des tentatives de rassemblement les 11 et 18 août au même endroit se sont soldées par une intervention musclée de la police anti-émeute qui a dispersé les mères des disparues et interpellé des membres du CFDA ainsi que des militants des droits de l’Homme.
Avec l’interdiction de ce rassemblement, seul recours de ces familles pour mener en Algérie leur combat, le CFDA a constaté que « l’Algérie a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une solution juste et adéquate à la question des disparus ». Le pays « en est toujours au stade du déni et de l’amnistie des criminels au détriment de la vérité et de la justice. Les autorités refusent catégoriquement de mener des enquêtes sur le sort des disparus », accuse le communiqué.
Les familles de disparus demandent que tous les moyens pour atteindre la vérité soient mis en oeuvre, notamment dans le cadre d’une commission Vérité et Justice telle que l’ont expérimenté plusieurs pays comme l’Afrique du Sud.
La semaine dernière, trois associations -SOS-Disparus, Djazaïrouna et le CFDA- ont annoncé leur intention de collaborer pour faire avancer leurs revendications en faisant appel à des témoins et en exigeant des analyses d’ADN.
Elles ont toujours refusé de recevoir des indemnisations financières en échange de leur silence, reprochant à la politique gouvernementale de « réconciliation nationale » post-guerre civile de mélanger sous la même appellation de « victimes de la tragédie nationale » les victimes des islamistes armés et celles des forces de sécurité.
Selon Amnesty International, « des milliers de personnes » ont disparu après leur arrestation par les forces de sécurité entre 1993 et 2002. L’organisation de défense des droits de l’Homme ajoute sur son site Web qu’en décembre 2002, la gendarmerie algérienne a admis avoir reçu 7.045 dépôts de plaintes pour disparitions forcées.
AP