Divergences entre l’Algérie et le constructeur français : Renault pose ses conditions

Redaction

Renault et le gouvernement algérien marquent leurs divergences sur les conditions de l’implantation d’une usine en Algérie. Le constructeur français demande un monopole en exigeant de l’Etat algérien la suppression des importations de véhicules, si l’on tient compte des dernières précisions apportées à ce sujet par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement.

Dans une déclaration à l’APS, faite dans l’arrière-cour du Conseil de la nation, Mohamed Benmeradi a indiqué que «la partie française a posé également certaines conditions qui ont trait notamment à la protection du marché national de l’automobile et à la suppression de l’importation de véhicules». Eux (les Français) exigent, de leur côté, un certain nombre de garanties que nous ne pouvons pas leur donner, des garanties de protection du marché et qu’il y ait plus d’importation de véhicules, etc. Ce sont là les questions sur lesquelles nous travaillons», a-t-il précisé.
Par cette exigence qui, le moins qu’on puisse dire, s’inscrit à contre-courant des règles économiques sur la concurrence, Renault risque de compromettre sérieusement son implantation sur le sol algérien. La partie algérienne n’a pas tardé à afficher clairement la couleur : l’exigence de Renault est inaccessible, d’après le ministre en charge des dossiers de l’industrie et de l’investissement. Les incertitudes demeurent ainsi entières sur le projet de voiture algérienne «made by Renault». Beaucoup de bruit pour rien ? Mohamed Benmeradi a néanmoins tenté, tant bien que mal, d’entretenir un espoir en affirmant, à la même occasion, que les discussions avec le constructeur automobile français «sont toujours en cours». Le ministre est allé jusqu’à annoncer une entrevue qui devra regrouper les deux parties à la mi-janvier 2011. Sur le fond, les exigences de Renault sont antiéconomiques, tout comme la décision algérienne d’annuler les crédits à la consommation issue de la loi de finances complémentaire de 2009.

Concessions nécessaires

A deux doigts de la concrétisation, notamment après l’escale à Alger de l’émissaire spécial de l’Elysée, Jean-Pierre Raffarin, le projet d’une usine Renault en Algérie s’éloigne de plus en plus suite à l’introduction, de façon surprenante, de ce préalable qui n’a pas pu convaincre la partie algérienne. Les annonces faites récemment à Alger par M. Raffarin peuvent être rassurantes, mais ne sont pas de nature à faire sauter tous les verrous retardant la concrétisation du projet. Evoqué lors de la visite à Alger, fin novembre dernier, de M. Raffarin, le projet était annoncé «en cours de négociations» et «au stade d’échange d’informations». Mais il semblerait que la mise sur pied de cette entreprise reste suspendue à une convergence d’idées, voire à des concessions qui ne sont pas des moindres. Sur les exigences de l’Algérie dans le cadre des négociations avec Renault, M. Benmeradi a précisé que la partie algérienne «exige que le projet ne soit pas uniquement une usine de montage, mais une véritable usine de fabrication de véhicules avec un taux d’intégration progressif, permettant à la sous-traitance algérienne de participer au projet». Une façon de faire participer le secteur privé et le public algérien.

L’Algérie exige aussi du partenaire français «de s’engager financièrement dans l’investissement et qu’il n’apporte pas uniquement sa marque et son label. Nous voulons qu’il s’implique», a dit le ministre, ne dissimulant pas une forme de désarroi. Si Renault semble, tout compte fait, «irrationnel» dans ses exigences, des questions s’imposent sur la volonté de ce constructeur de concrétiser son projet en Algérie. Les prochaines discussions prévues à la mi-janvier 2011 devraient donner un avant-goût de ce que sera le restant du chemin à parcourir. Concrètement, le principe retenu lors des précédentes discussions entre les deux parties est d’arriver à produire 75 000 véhicules particuliers par an pour trois ou quatre modèles. Le ministre de l’Industrie avait déclaré que «si les négociations aboutissent, l’usine sera implantée sur les sites de la SNVI», précisant que Renault s’est proposé de «livrer ses véhicules au marché algérien d’ici à 2012».

El Watan

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