Dominique Strauss-Kahn a été libéré sur parole vendredi par le tribunal pénal de New York après des révélations mettant en doute la crédibilité de la femme de chambre qui l’accuse de crimes sexuels, au point que DSK pourrait être libéré sur parole.
Le dossier n’est toutefois pas clos et la prochaine audience dans l’affaire reste fixée au 18 juillet, a indiqué le juge.
Un mois et demi après l’arrestation de l’ancien patron du FMI dans un avion prêt à s’envoler pour Paris, le New York Times a affirmé jeudi soir que le dossier d’accusation était « sur le point de s’effondrer, les enquêteurs ayant découvert des lacunes majeures dans la crédibilité » de la femme de chambre.
Les informations du New York Times ont fait l’effet d’un « coup de tonnerre », selon l’expression de l’ancien Premier ministre français Lionel Jospin, l’affaire ayant coûté son poste à l’ancien patron du FMI et ruiné son espoir d’être candidat à l’élection présidentielle de 2012.
D’après le New York Times, qui cite deux enquêteurs, il ne fait pas de doute qu’une relation sexuelle a bien eu lieu entre l’ancien directeur général du Fonds monétaire international et la femme de chambre guinéenne de l’hôtel Sofitel à Manhattan. Mais « les procureurs ne croient pas grand chose de ce que l’accusatrice leur a dit à propos des faits ni à propos d’elle-même », selon le journal.
Selon le NYT, les enquêteurs ont la conviction que la femme de chambre âgée de 32 ans leur a menti « à plusieurs reprises » depuis le début de l’affaire le 14 mai. Ils la soupçonnent d’être impliquée dans des activités criminelles telles que trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent sale.
Plusieurs individus ont déposé, au cours des deux dernières années, de l’argent liquide, pour un total de 100.000 dollars, sur son compte en banque rapporte le journal. Elle aurait aussi menti à propos de sa demande d’asile aux Etats-Unis, où elle vit depuis 2002.
Lors d’une conversation téléphonique avec un homme condamné pour trafic de drogue, « elle a discuté de l’intérêt de poursuivre les accusations » contre M. Strauss-Kahn moins de 24 heures après le début du scandale, le 14 mai, ajoute le quotidien. Cette conversation a été enregistrée par les enquêteurs.
Interrogé vendredi par le New York Times, l’un des avocats de la femme de chambre, Kenneth Thompson, n’a pas démenti ces informations. Mais il a estimé que « rien ne change le fait très important qui est que Dominique Strauss-Kahn a commis une agression sexuelle violente ».
Depuis la Guinée, un frère de l’accusatrice a catégoriquement rejeté les informations du quotidien new-yorkais.
« C’est archi-faux. Nous sommes des descendants d’érudits musulmans très pieux, nous ne pouvons pas nous laisser emporter par le gain facile de l’argent », a expliqué Mamadou Dian Diallo.
Rien ne permet d’affirmer que l’ancien ministre aurait été victime d’une machination ourdie par des rivaux politiques, selon les enquêteurs cités par le New York Times.
Mais en France, des amis de M. Strauss-Kahn ont sans attendre évoqué un report du processus des primaires qui doivent désigner le candidat du Parti socialiste pour 2012.
Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a cependant indiqué qu’une telle éventualité n’était pas à l’ordre du jour. La chef du parti, Martine Aubry, vient d’annoncer cette semaine sa candidature, alors qu’elle avait exclu de se présenter contre M. Strauss-Kahn.
En déplacement en Indonésie, le Premier ministre François Fillon a déclaré qu’il fallait « attendre sereinement que la justice américaine fasse son travail ».
Dès le début de l’affaire, les avocats de Dominique Strauss-Kahn avaient laissé entendre qu’ils tenteraient de décrédibiliser le témoignage de la jeune Guinéenne. Mais les informations sur ses relations troubles ont été découvertes par l’accusation, pas par la défense, écrit le NYT.
Le procureur et la défense ont discuté jeudi d’un éventuel abandon des poursuites criminelles et de leur remplacement par un simple délit, mais les avocats de M. Strauss-Kahn devraient rejeter une telle éventualité, ajoute le journal.
Source : lepoint.fr
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