Le gouvernement D’Abou Dhabi avance 20 milliards de dollars d’aide financière à l’Emirat de Dubaï depuis le début de la crise.
De notre correspondante à Dubaï , May de Maraval.
Une dette considérable mais une économie diversifiée allant du secteur tertiaire aux énergies renouvelables en passant par le tourisme et la finance.
L’onde de choc de la crise mondiale a touché le secteur immobilier, fer de lance de cet Émirat. Une correction salutaire qui s’imposait, les loyers et le prix de vente au m2 avaient atteint des prix prohibitifs.
Certains projets architecturaux sont tout simplement abandonnés ou reportés, exemple de l’île palmier à Deira
Néanmoins, aucun effet ne se ressent dans la vie quotidienne des dubaillotes, un contraste déroutant en comparaison à la crise étalée sur les journaux.
L’effet positif de cette crise reste sans conteste, la transparence dans les comptes et les dettes de l’Émirat.
Une économie diversifiée.
Le gouvernement de Dubaï a depuis longtemps posé les jalons d’une économie basée sur d’autres ressources que celles des énergies fossiles. Cousin pauvre de l’émirat d’Abu Dhabi riche de ses réserves pétrolières, Dubaï a misé sur 3 secteurs : le tourisme, la finance et l’immobilier.
L’immobilier est certes touché par la crise financière qui secoue Dubaï World, ce groupe d’investisseurs qui a jeté le pavé dans la mare en annonçant qu’il reportait l’échéance du remboursement de sa dette. Les banques qui ont accordé les crédits à Dubai World ont tremblé.
Nakheel, société immobilière et plus gros promoteur du pays ( ex. The Palm, l’île en forme de palmier) fait partie de Dubaï World, d’où l’inquiétude des investisseurs qui dés l’année dernière subissaient les travers de la crise immobilière mondiale.
Les prix du loyer à Dubaï ont baissé de 20 à 50% quand certains appartements ne trouvaient pas d’acquéreurs. C’est une juste correction. Exemple:l’offre immobilière devenant très attractive ceux qui habitent Sharjah, l’Émirat voisin où les loyers sont moins chers et qui travaillent à Dubaï, y reviennent, profitant ainsi de la baisse des prix..
La crise à Dubaï ???
Dubaï ne connaît pas la crise dans ses rues, ses commerces et son activité de tous les jours.
Des malls* ne désemplissent pas, les restaurants affichent complets, les directeurs d’hôtels sont satisfaits.
L’économie, celle qui ne s’affiche pas sur les écrans des bourses, celle des petits commerces est en pleine forme, PME et autres sociétés de services non cotées en bourse se portent bien.
A Medinat Jumeirah il faut réserver une semaine à l’avance, voire plus, pour pouvoir dîner en terrasse, au bord de l’eau, avec vue sur Burj Al Arab, le fameux hôtel en forme de voile.
Les hôtels sont pleins. L’hôtel méridien affiche complet. Séminaires en tout genre se succèdent semaine après semaine, mois après mois.
Celui de la pétrochimie a réuni plus de 1200 membres, 800 l’année dernière. Les hôtels sont pris d’assaut.
Les conférences sur l’acier, les nouvelles énergies, les nouvelles technologies drainent CEO et hommes d’affaires du monde entier. Aux costumes européens se mêlent les « abayas » blanches, les femmes, conférencières en abayas noires ou tailleur strict, ne sont pas en reste.
Véritable hub et plaque tournante, Dubai est la place forte des relations commerciales avec le subcontinent, Asie et Moyen Orient dont la croissance à 2 chiffres fait rêver.
Les sociétés dont les activités se situent dans les pays limitrophes ou en Asie sont volontairement basées à Dubaï, car cette ville d’emblée inscrite dans la modernité offre toutes les commodités, écoles internationales, universités, hôpitaux flambants neufs, une sécurité sans pareille, et surtout à Dubai flotte un air de liberté et de tolérance que l’on ne trouve pas dans les autres pays du golfe.
Qui parle de crise ici à Dubaï ? On ne s’en rend pas compte au jour le jour.
Satwa, Bastakiya, Bur Dubaï, quartiers « anciens » battent le rythme de l’économie. Commerces, vitrines en tous genres, serrés les uns contre les autres, sans espace perdu, rivalisent de décoration aux néons agressifs. Les commerçants affichent le sourire, l’accueil est chaleureux. HEC, l’ESSEC ou les grandes écoles de commerce, on ne connaît pas ici, on n’a le commerce dans le sang, cela se respire. On marchande, on discute, toujours avec le sourire, on paye cash, affaire conclue.
Ici on travaille en famille, de 8h à 24h, sans interruption : Commerçants chinois, afghans, pakistanais, yeménites, iraniens, ils sont les descendants des commerçants de la route des épices et de la soie.
Dubai : Un Hub
Dubaï est un hub. Plus de 150 destinations desservies vers les 4 continents.
Le plus grand aéroport du monde accueille tous les jours des milliers de voyageurs d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Dubai est à 3 heures de vol seulement de l’Inde, à moins d’1 heure de l’Iran. A partir du Caire, la semaine dernière impossible d’embarquer pour Dubai, les avions étaient pleins, il fallait passer par Beyrouth.
Les embouteillages reflètent une activité intense malgré l’ouverture de la première ligne de métro et du réseau routier gigantesque qui ne cesse de s’accroître. Ferrari, Porsche, 4X4, Maserati sont obligés de patienter sur des autoroutes moquettes, quand elles ne vous doublent pas dans un bruit sourd et amorti. Ainsi va la vie à Dubai malgré la crise.
Satwa, quartier populaire de Dubaï, non loin de l’hôpital iranien, est parmi les rares quartiers dotés de trottoirs sur lesquels déambulent des personnages aux visages du monde entier. Une vraie galerie de portraits, tous les types que portent la terre se côtoient, avec respect et sans vindicte. Le code de conduite est strict, on règle les problèmes dans la courtoisie, on respecte l’environnement. Dubai est une ville propre, tolérante, soucieuse du bien être de tous.
Les boutiques regorgent de tout sortes de marchandises, merceries gigantesques (vente de bobines de fils dmc, (une marque française), extensions de cheveux, chapelets en passant par les strasses de mille et une couleurs vendus au kg).
A Dubaï, certains métiers n’ont pas disparus, parmi les nombreux tailleurs de Satwa, vous pouvez vous faire faire sur mesure, dans la journée, le costume ou la robe de vos rêves. Il ne vous en coûtera qu’environ 300 dirhams (60 euros).
A Satwa, les touristes flânent appareil photo au poing, prêts à piéger en images les innombrables cages d’oiseaux qui inondent les trottoirs. A l’intérieur des boutiques, les volatiles des quatre coins du monde, couleur arc-en-ciel, vous toisent, l’air narquois : perruches rose fushia, oiseaux bleus sublimes. De quoi vous nettoyer le regard de toute sinistrose.
Le Bling Bling : Un commerce prospère, une institution
L’apparence est importante, femmes et hommes réservent un budget conséquent aux vêtements, au maquillage, au bien être (foot spa : spa pour les pieds, nails spa, spa pour les ongles) sans parler du budget monstre que réservent les femmes à leur chevelure, aux parfums, au maquillage. Et que des grandes marques s.v.p, ici à Dubaï le bling bling n’est pas péjoratif, il est à lui seul un commerce lucratif, et l’on aimerait bien voir, de temps à autre dans nos métros et nos rues, ces élégantes de Paris qui ne sont plus qu’un mythe ou sentir dans leur sillage les parfums de Paris dont les dubaillotes raffolent.
Dubaï n’est pas encore à genoux, comme aimeraient la voir certains esprits chagrins.
Quelle ville peut se permettre de remplacer Venise en destination de voyages de noces ? et pourtant on voit de plus en plus de jeunes mariés en « lune de miel sous le soleil de Dubaï » et oui ! on a les deux dans cette ville superlative: la plus grande tour, le plus grand aquarium, les plus grands jets d’eau qui dansent comme dans les contes de fées, atteignant 270 mètres de hauteur sous les yeux ébahis de milliers de personnes.
« Dubaï is beautiful, keep it clean » annonce une publicité sur Sheikh Zaid Road, l’artère principale, « Dubaï est beau, gardez le propre »
Une nouvelle ère de transparence dans l’économie est née, on connaît les dépenses, les dettes.
Certains pays feraient bien d’en faire autant.
M.D.M
(Photos de Mamia Bréteché)
* Malls : Gigantesques centres commerciaux.