Échec du RAID à Toulouse, la réputation de l’unité d’élite française mise à mal

Redaction

 L’opération du Raid contre Mohamed Merah, le tueur présumé de Toulouse et de Montauban, a porté un coup dur à la cote de cette unité d’élite de la police française, notamment en Israël, en Russie, au Brésil et en Algérie. Les spécialistes américains et britanniques ont étrangement gardé le silence et se sont abstenus de commenter cette opération.

“Qui attend 30 heures quand il n’y a pas d’otages ? Toute l’opération ressemble à une démonstration de stupidité”, déclaré Alik Ron, ancien chef de l’unité d’intervention de la police israélienne et des forces spéciales des parachutistes, au quotidien israélien Maariv.

“Je présume que l’ordre était de le capturer vivant, mais il y a une limite. On ne le laisse pas pendant 32 heures en lui donnant un téléphone pour parler au monde entier et le transformer en chahid et en héros”, vitupère-t-il avant d’enchaîner que “l’objectif n’était pas compliqué: un appartement, un fugitif isolé, pas d’explosifs, pas d’otage, dans une zone qui n’est pas un territoire ennemi ou un champ de bataille mais qui permet aux forces de sécurité de se déployer à leur guise”.

Un ancien officier des commandos israéliens considère que “ce n’est pas comme cela que se comporte une unité professionnelle pour combattre le terrorisme“, dans le Maariv.

Les spécialistes israéliens dont le pays est une référence dans ce genre d’opérations ont qualifié l’assaut du RAID français d’”échec opérationnel”, rejoignant ainsi les critiques du fondateur du GIGN, l’une des plus prestigieuses unité d’élite de la gendarmerie française.

Des spécialistes russes sont unanimes: le tueur présumé a fait preuve de plus de détermination et de combativité que les hommes du RAID puisque selon la version livrée par le patron du RAID, ce dernier est non seulement allé à l’assaut des hommes du RAID mais leur a imposé son rythme. Pour les russes, cette résistance farouche est considérée comme un haut fait de guerre et servira de motivation puissante à d’éventuelles émules. En plus, on notera que le premier assaut du RAID a été repoussé.

Ce n’est pas le fait que les policiers français n’aient pu réussir à capturer le forcené vivant qui a déterminé l’échec de l’opération mais le fait que cet homme ait pu résister, refusant le concept du kamikaze avec mépris et faire preuve d’un haut fait d’arme, permettant ainsi à certaines organisations de le considérer comme un martyr absolu.

On ignore le nombre exact de policiers blessés lors de cette opération mais il apparait dès à présent qu’au moins trois à cinq éléments ne pourraient ré-intégrer le RAID.

«C’est la première fois de ma vie que quelqu’un mène l’assaut contre nous», confie Amaury de Hauteclocque, le patron du RAID français, jetant le trouble à une affaire déjà plus que confuse tant par ses tenants que ses aboutissants. D’un point de vue technique, Il est très rare qu’une opération du RAID à l’encontre d’un forcené excède les 24 heures. La durée de celle de Toulouse peut-être qualifiée de hors-normes.

Plus discrètement, l’assaut du RAID contre le jeune forcené toulousain fut disséqué par les forces spéciales de la police brésilienne pour lesquelles l’opération fut émaillée-suivant la version officielle-de faits d’amateurs: des policiers “choqués”; 300 balles de différents calibres échangées, des caisses de grenades offensives, en vain apparemment puisque c’est des snipers postés au dehors qui neutraliseront le forcené. Un détail totalement incompris: 15 à 30 éléments du RAID mettant une heure à avancer dans un trois pièces de 35 m carrés…Sans compter une trentaine d’autres postés, des snipers et plus de 250 policiers en soutien. Cela a de quoi faire douter de la version donnée par les officiels français.

A Alger, dans un certain milieu on a été plus que surpris par l’amateurisme absolu dont a fait preuve cette unité face à un homme seul ne détenant aucun otage, renforçant ainsi le choix des stages de formation auprès de pays plus “aguerris” en ce domaine. On a pas oublié l’échange acerbe avec un certain Juppé lors de la prise d’otage d’un Airbus d’Air France à l’aéroport d’Alger en 1994 et qui à l’époque accusait les algériens de manquer de savoir-faire dans la gestion de prises d’otage pour justifier le déplacement de l’avion à Marseille où il fut pris d’assaut par le GIGN. Or dans le cas présent, c’est au tour des algériens de rire sous cape et avec raison de la gabegie étalée par l’antiterrorisme sous Juppé.

En tous cas cette affaire de Toulouse commence à susciter des blagues dans le milieu autant que des interrogations sur la formation défectueuse du RAID un peu partout à travers le monde. Qu’est-ce que cela aurait donné si le tueur n’était pas seul? On préfère ne pas évoquer ce scénario.

Bien entendu, d’un point de vue politique, les anglo-saxons ne s’y sont pas trompés: il s’agit avant tout d’enjeux électoraux.

Dans les forums dédiés aux forces spéciales tout autant qu’au sein des unités spéciales de dizaines de pays, la réputation du RAID français a pris un sérieux coup de discrédit.

Indubitablement, il aurait été hautement intéressant de connaître l’avis des SAS britanniques sur cet assaut raté. Mais c’est une autre histoire.

Wissem Chekkat