Par Nassim Brahimi
Lancée en grandes pompes par le tonitruant président français, l’Union pour la Méditerranée se fait, désormais, toute petite, quelques mois après son «lancement».
Remise en cause lors de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, l’UPM s’est totalement éclipsée, mise à mal par des menaces de «retrait» formulées notamment par les pays du Maghreb.
Concrètement, le bilan de l’Union est pour le moins timide, avec presque rien sur les plans organisationnel, politique, environnemental et économique. Rien, excepté les quelques projets «détournés» d’autres processus ou organisations, auxquels on a juste ajouté le slogan «UPM» pour que ça fasse vrai.
On s’en souvient d’ailleurs, des interventions de Nicolas Sarkozy, vantant les vertus de l’UPM en tant que structure fondatrice d’un nouvel ordre qui devait être érigé autour d’un point commun qu’est la Méditerranée.
L’idée n’était pas mauvaise, mais son application reste, somme toute, utopique et presque impossible. L’impossibilité de cette Union s’est révélée évidente par un détail anodin, lorsque une simple photo souvenir des 43 chefs d’Etats présent à Paris, le 13 juillet dernier, était devenue un véritable casse-tête protocolaire.
Inutile, par exemple, de faire une recherche sur le Net à propos des projets lancés ou les accomplissements réalisés par l’UPM. La requête se soldera par quelques citations, ça et là, qui renvoient, en réalité, à des intentions de faire, plutôt qu’à des initiatives lancées.
De tout ce qu’on a pu croiser sur cette fameuse Union, seul un projet attire l’attention. C’est celui qui concerne l’alliance de dix banques méditerranéennes pour le financement de quelque 20 projets. Mais là aussi, c’est la douche froide côté algérien, puisque aucune banque nationale n’a eu le réflexe d’adhérer à cette première vraie action de l’UPM.
Pour le projet en question, il faut savoir que dix banques euro-méditerranéennes ont signé, fin janvier, à Paris, un protocole d’accord prévoyant la mise en œuvre de vingt projets concrets. L’objectif affiché était de faciliter l’épargne des migrants, d’abaisser le coût des transferts, de favoriser le financement des PME et des infrastructures. De ces dix établissements financiers, il y a trois banques marocaines: Al Amana, Attijariwafa bank et le CIH.
«Cette alliance de banques, qui contribue à rendre l’UPM tangible auprès de larges populations de cette zone, entend apporter son concours au développement économique de la rive Sud de la Méditerranée», relève-t-on dans un communiqué de presse.
En détail, ces vingt projets, arrêtés par le comité stratégique, portent sur les transferts financiers, les produits bancaires, d’assurance et immobiliers, le support et l’assistance des PME ainsi que le financement de grands projets et d’infrastructures. Et c’est la marocaine Attijariwafa bank qui préside le groupe de travail sur les produits de crédit, d’immobilier, d’assurance et de services.
Ces dix établissements signataires ont convenu d’un programme de travail pour 2009 avec la réalisation des vingt projets qu’ils ont arrêtés. Ce protocole d’accord engage, en tout, la Confédération espagnole des caisses d’épargne (CECA), la libanaise Fransabank, le français Groupe Caisse d’Epargne, l’italien Intesa Sanpaolo et sa filiale Bank of Alexandria, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) et de son bras financier pour la Méditerranée la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat).
La Banque africaine de développement (BAD) a rejoint ce groupe tardivement. Aussi, une étude sur la forme que pourrait éventuellement prendre cette alliance a été lancée. «D’ores et déjà, un comité stratégique rassemblant l’ensemble des présidents ou directeurs généraux est mis en place. Il est chargé d’impulser la dynamique de l’alliance, de valider l’ensemble des programmes et projets», ajoute-t-on dans ce communiqué.
La présidence de ce comité a été confiée à Bernard Comolet, président du directoire de la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE). Elle sera tournante et assumée par la banque du pays accueillant la réunion annuelle du comité.
La signature de ce protocole d’accord intervient en guise de concrétisation du protocole d’intention, conclu le 7 juillet 2008, à Paris, en marge du premier Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements, créant l’Union pour la Méditerranée.
Ce projet bancaire est, en réalité, la seule vraie satisfaction de la coquille UPM. Le reste s’apparente plus à une littérature d’unification bien loin de la réalité. Le pire, c’est que l’Algérie n’a même pas adhéré à cette initiative.
N.B. pour Algerie Focus