Egypte. Appel à une marche sur le palais présidentiel : Le vendredi de tous les dangers

Redaction

Colère des manifestants après le discours de Moubarak et de son vice-président

Au 17e jour et dans un discours d’un peu moins de 17 minutes, Moubarak s’est adressé au peuple et à la jeunesse égyptienne pour, après une journée de manifestations encore plus virulentes, leur annoncer qu’il délègue ses prérogatives à son vice-président Omar Souleiman. Dans un discours empreint de paternalisme, le président avec une mine abattue s’est adressé à la jeunesse, s’est recueilli à la mémoire des morts et promis d’organiser la transition et la révision de la constitution.

Après ce discours et celui de son vice-président, la foule des manifestants de la place Al-Tahrir et des autres villes d’Égypte, loin d’être rassurée par les desseins annoncés et frustrée par la teneur des annonces paternalistes et à la limite accusatrices et arrogantes, a exprimé sa fureur et son indignation. Ils ont été en-deçà des attentes du peuple : le départ de Moubarak et le changement de régime ! Et à Souleiman qui demandait aux jeunes de rentrer chez eux, les manifestants ont répondu « Moubarak dégage et toi aussi !». Des voix ont scandé à l’adresse des militaires qui ceinturent l’immense place : « Armée égyptienne, le choix est maintenant le régime ou le peuple ! ».

Devant cette situation, le 18e jour risque d’être le jour le plus long de la révolution en cours. En effet, ce vendredi devait être, selon les organisateurs, le jour des 10 millions de manifestants dans les rues du pays après la prière de la mi-journée. À cela, et après la réponse du Raïs, les organisateurs du mouvement ont fixé pour cette journée de manifester en direction du palais présidentiel même si cela devra encore coûter des millions de martyrs.
Reste à savoir quelle attitude adoptera l’armée devant la colère grandissante des manifestants. Obéira-t-elle aux ordres de la hiérarchie de mettre fin aux manifestations de rue ? Prendra-t-elle le risque d’affronter la foule en colère et d’user de ses moyens militaires pour mettre fin à la contestation ? Et risquer par-là une scission dans ses rangs ? Ou bien, le commandement militaire prendra-t-il l’initiative de pousser le président récalcitrant vers la sortie en assumant de diriger la transition jusqu’aux prochaines élections présidentielles de septembre prochain ?

En tout état de cause, l’exaspération et la radicalisation du mouvement de contestation du régime va crescendo, d’autant que depuis deux jours des secteurs entiers du service public, de fabrication militaire et du secteur économique sont paralysés par des grèves de plus en plus nombreuses. Le cercle de la contestation s’élargit et s’inscrit dans l’opposition frontale à Moubarak et à son régime. Jusqu’à quand le régime demeurera-t-il autiste, insensible, à l’appel et aux cris de la rue ?

Dahou Ezzerhouni

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