Petits, les algériens craignaient plus El Ghoula qu’ils craigaient leurs parents. Ces derniers invoquaient ce mythique personnage glouton pour calmer leurs rejetons turbulents. El Ghoula avait une double fonction : faire peur et imposer indirectement l’autorité des parents.
Devenu adulte, l’algérien ne croit plus à El Ghoula de son enfance, cette effrayante mais somme toute sympathique ogresse, genre de Fiona l’épouse romantique de Shrek.
Mais, même grand l’algérien a toujours peur des monstres, réels ou fabriqués. El Ghoula s’est métamorphosée en « main de l’étranger ». Et ses parents biologiques sont remplacés par un pouvoir qui gouverne par les farces et attrapes.
Ainsi, l’algérien a eu droit à tout sauf à son droit aux droits. Quand il montre des signes de résistance à l’ordre établi on fouille dans sa mémoire pour faire ressurgir ses angoisses de l’enfance. Depuis 62 l’Algérien vit sous la menace. La main de l’étranger change de gant en fonction de l’actualité. Elle est tantôt française, tantôt marocaine, mais toujours aussi malveillante et dangereuse .pour « l’unité nationale »
Avec l’avènement du printemps arabe, cette main porte désormais l’étoile de David ; elle est sioniste.
C’est la conclusion de notre ministre de l’intérieur qui a réussi à faire parler les dates, grâce à une sorte d’équation ésotérique, pour démasquer les fauteurs de troubles en Algérie qui sont derrière l’appel du 17 septembre.
L’Algérie est dans le collimateur de « parties étrangère » à la solde de « l’entité sioniste », dit-il. Au revoir Zerhouni la gaffe, bonjour Ould kablia le complotiste.
Qui est cette « entité sioniste », d’où agit-elle? Ould Kablia ne propose pas de CV ni d’informations géographiques, il nous laisse deviner. Et sans doute 99 % des algériens ont bien compris qu’il désignait Israël et ses relais dans les milieux médiatico-politique à travers le monde, notamment en France.
Bien entendu, Israël n’est pas l’ami du peuple algérien. L’Etat hébreu n’aime pas voir des fleurs pousser dans le monde arabe et préfère le savoir soumis par les siens et exclu de la marche du monde. C’est une certitude.
Mais Israël, n’est rien sans le soutien des États-Unis, de la France de Sarkozy, etc.
Ould Kablia serait bien inspiré et moins hypocrite s’il nous annonçait que l‘Algérie a décidé de récupérer ses réserves de change placées à Wall Street et ailleurs et réclamer le rapatriement de l’argent de la corruption caché dans les banques en Europe. Voilà une position digne d’un pays sûr de lui-même qui répond à la menace de « l’entité sioniste » par des pressions financières sur les gouvernements qui soutiennent ouvertement ou en coulisses cette « organisation ».
Sinon, cela ne sert à rien de crier au loup, tout en cachant sa fortune dans sa tanière.
L’argument de la main de l’étranger est irrecevable du moment que ses poches sont remplies par l’argent des algériens.
El Ghoula sioniste continuera toujours à nous hanter tant qu’on n’aura pas soldé les comptes de la caverne d’Ali Baba.
Redwane N