Les élections locales ont fourni également leur contingent de frasques et de bizarreries. Des candidats qui engagent de l’argent pour organiser des défilés dans les rues de leurs communes, d’autres qui envoient des femmes dans les hammams pour corrompre les électrices et les persuader de leur accorder des voix alors que certains mobilisent des imams et s’adressent aux cheikhs des zaouias pour avoir leur baraka, etc., les Algériens ont eu droit aux excentricités les plus hilarantes.
Pour nos compatriotes, le spectacle était digne d’un film culte, une comédie burlesque qui a fait rire des générations entières d’Algériens, «Carnaval fi Déchra». Ce sont surtout les interventions télévisées des candidats qui ont défrayé la chronique. Beaucoup ont brillé par leurs compétences linguistiques médiocres. Ne maîtrisant ni l’arabe ni le français, certains futurs maires et président d’assemblées de wilayas, ont eu recours au langage de rue pour transmettre leurs idées et étaler leurs propositions.
You Tube témoin de cette comédie !
Comble du populisme, ces promesses n’avaient tout simplement rien à voir avec leurs prérogatives de maires. Du logement pour tous, du travail pour tous les jeunes, des espaces verts et des promenades pour les familles, des infrastructures de loisir et de sport pour les enfants, rien n’a été oublié et tout a été promis par des candidats peu soucieux de la crédibilité de leurs projets puisqu’ils ont carrément oublié que le nouveau code communal leur permet à peine de gérer les écoles, accorder des permis de construire et nettoyer les avaloirs ainsi que les conduites des eaux de pluie.
En dépit de cela, dès les premiers jours de la campagne électorale, un véritable matraquage médiatique a été mis en place. Une campagne d’affichage sauvage et des meetings tenus dans des salles de fêtes ont été prévus pour galvaniser des foules qui ne sont, fort heureusement, plus dupes.
Un seuil dangereux a été tout de même franchi sans aucune retenue : la distribution à tort et à travers de billets de banque pour enrôler de force des jeunes dans une campagne politique à laquelle ils ne comprennent rien. Une vidéo You Tube diffusée récemment sur la toile a bien résumé cette corruption de masse qu’un candidat à l’ouest du pays a organisée pour emballer les habitants de sa commune et les pousser à voter pour lui. Tout a été préparé minutieusement : voitures pour le défilé et des harangueurs de foule armés de haut-parleurs ont été de la partie pour mettre sens dessus dessous toute la commune qui souffre de tous les maux sociaux. Des maux que des candidats peu scrupuleux exploitent magnifiquement bien pour berner des électeurs indifférents aux enjeux politiques, mais ô combien sensibles aux enjeux pécuniaires…