De nouvelles émeutes contre la cherté de la vie et le chômage ont éclaté vendredi à Alger et dans l’est de l’Algérie, où la présence policière a été renforcée aux abords de mosquées et sur les grandes artères des principales agglomérations.
Un journaliste de Reuters a constaté le maintien d’effectifs importants de policiers en tenue anti-émeutes et équipés de grenades lacrymogènes et de matraques autour des principales mosquées et avenues d’Alger.
Dans le quartier populaire de Belcourt, les troubles ont repris après la prière hebdomadaire. Des jeunes gens ont lancé des pierres sur les policiers et bloqué des accès.
Selon l’agence de presse officielle APS, des manifestants ont saccagé dans la nuit des édifices publics, des succursales de banque et des bureaux de poste dans plusieurs villes de l’Est, dont Constantine, ainsi qu’à Jijel, Sétif et Bouira.
« L’agitation a repris à Ras el Oued vendredi matin (…) Des édifices d’intérêt public ont été gravement endommagés comme ceux de la Sonelgaz, des sièges communaux, de la direction des impôts (…) ainsi que plusieurs établissements scolaires », écrit l’APS.
La Fédération algérienne de football a, de son côté, annoncé le report des matches de championnat de vendredi pour éviter la tenue d’éventuels rassemblements, proscrits dans le pays depuis l’instauration d’un état d’urgence en 1992.
Pour des analystes, ces troubles sont loin pour le moment de plonger le pays dans l’agitation politique des années 1990 qui avait été le prélude à dix ans d’une guerre civile sanglante.
« DÉSIR DE CHANGEMENT »
En début de semaine, des centaines de jeunes se sont opposés aux forces de l’ordre dans plusieurs villes et ont saccagé des magasins dans la capitale.
Mercredi, les policiers anti-émeutes ont dispersé à l’aide de gaz lacrymogènes des jeunes gens dans le quartier de Bab el Oued, théâtre des heurts les plus violents.
Les prix de la farine et de l’huile de table ont doublé ces derniers mois pour atteindre des niveaux record. Le kilo de sucre, qui valait 70 dinars il y a quelques mois, en coûte désormais 150.
Peu après les premières émeutes, mercredi soir, dans la capitale, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, avait déclaré aux médias d’Etat que les prix du sucre et de l’huile de table baisseraient « dans les jours qui viennent ».
Le taux de chômage se situe officiellement autour de 10%, près de 25% à en croire des organisations indépendantes. Les statistiques officielles font état d’un taux d’inflation de 4,2% en novembre après avoir atteint 5,1% en juillet 2010.
« Sans une force politique ou sociale derrière les émeutiers, ce sera très difficile pour ce mouvement spontané de durer », estime Mohamed Lagab, analyste politique et maître de conférence à l’université. Pour lui, les Algériens expriment à travers ces émeutes un désir de « changement, de liberté et de développement ».
Les islamistes salafistes se sont déclarés hostiles au mouvement en cours. « Nous sommes contre des soulèvements. Ce n’est pas la meilleure façon de changer les choses », a déclaré le cheikh Abdelfateh Zeraoui, un prédicateur salafiste réputé à Alger.
Le gouvernement a, pour sa part, annoncé un plan d’investissement d’un montant de 286 milliards de dollars dans les quatre ans à venir visant à créer des emplois et à améliorer les conditions de vie. Le président Abdelaziz Bouteflika a également promis un million de nouveaux logements d’ici 2014.
Reuters