Le cinéma de plein air enregistre une présence remarquée au niveau des places publiques d’Oran et des villes limitrophes, à l’occasion de la troisième édition du festival international du film arabe ouverte jeudi soir. Dans ce contexte, le public oranais était au rendez-vous avec le ciné bus, qui a projeté une série de films depuis le 19 juillet courant dont «de Hollywood à Tamanrasset», «silence on tourne» et «Alexandrie-New-York». Ces projections sur des écrans géants, qui se poursuivent jusqu’au 29 juillet du mois, attirent chaque soir de nombreuses familles, dans une ambiance conviviale, créant ainsi une animation nocturne en cette période estivale. Cette initiative, rééditée pour ce troisième rendez-vous culturel, ayant trouvé un écho favorable auprès des citoyens de la ville d’Oran et des wilayas limitrophes dont Tlemcen, Sidi Bel-Abbes et Mostaganem, se veut un bol d’air et un espace de rencontre en cette période de vancances, de détente et de farniente. Et à mesure que les jours passent, les activités de ce cinéma de «proximité» se multiplient en investissant de plus en plus de communes de la wilaya d’Oran qui demandent l’élargissement du cercle de cette manifestation du cinéma arabe. Le cinéma ambulant est un nouveau style d’animation qui permet au public de redécouvrir les travaux cinématographiques arabes, en dehors de la compétition, d’autant plus qu’ils sont projetés en plein air, loin des salles obscures. Le programme du ciné bus englobe 19 projections dont des films algériens «de hollywood à Tamanrasset» du réalisateur Mahmoud Zemouri, produit en 1991. Ce travail cinématographique raconte la vie d’un jeune retardé mental qui agresse la nuit dans la périphérie d’Alger des femmes en subtilisant leurs boucles d’oreilles, manipulé par un gars connu sous le quolibet «Dallas». Piégé par un «marabout», qui use de vieux procédés de sorcellerie, «Dallas» tente de se débarrasser de la belle «Sue hélène». Le film aborde des problèmes sociaux et psychologiques que vit la société. Au programme, figure un autre film «silence on tourne» du réalisateur Youcef chahine, lequel est considéré comme une première expérience cinématographique de la chanteuse tunisienne Latifa El Arfaoui. Ont participé également à cette Œuvre, où se mêle musique, chants et exhibitions, Ahmed Badir et la nouvelle figure Ahmed Ouafik.
Youcef Chahine prend le bus
Dans ce film qui aborde aux premiers degrés les coulisses de l’industrie du film cinématographique, l’artiste «Latifa» joue le rôle d’une chanteuse «Malak», une star qui a échoué dans sa vie conjugale avec le père de son fils unique l’ayant quitté, pour la simple raison qu’elle est devenue plus célèbre que lui. Une chanteuse mais aussi une mère souffrante jusqu’au jour où elle rencontre un jeune opportuniste. A ceux qui suivent ce ciné bus, il est proposé également un film, qui a porté haut sur les marches du cinéma, Youcef Chahine, primé en 1997 par la palme d’or au festival de Cannes (France). Il s’agit du film «El massir» qui braque les projecteurs sur des événements au 12ème siècle en Andalousie, notamment autour du philosophe Arabe «Ibn Rochd», alors magistrat à Cordoue. Le travail cinématographique donne une image sur les luttes entre les partisans de la pensée d’Ibn Rochd qui appelle à l’ijtihad et ceux de la pensée de Riadh, un cheikh qui appelle au salafisme. Le différend se termine par la mise à feu des livres d’ibn Rochd. Le film algérien «carnaval fi dechra» du réalisateur «Oukaci», met en exergue les contradictions sociales algériennes dans un style où se mêlent comédie et humour en essayant de donner une image critique de plusieurs secteurs, notamment celle évoquant un analphabète interprété par l’artiste «Othmane Ariouat» qui gagne les élections communales avant que ne commencent ses problèmes de la gestion de la municipalité. Le film attendu du public est sans conteste «visa pour la mort» réalisé et produit par Dalal Samir en 2007 et qui jette les projecteurs sur le phénomène de l’émigration clandestine. Le film en question aborde une histoire tirée du vécu, celle d’un jeune oranais désespéré, vivant dans la précarité. Le début du voyage commence par Cap Falcon, une plage située dans la commune d’Aïn El Turck, en direction de l’Espagne. La réalisatrice de ce film a saisi l’occasion pour présenter des séquences d’images qui accrochent notamment sur la lutte contre la mort. Un film plein de suspense et autres palpitations, des minutes durant, dans un des hopitaux qui a accueilli ce naufragé, le jeune Kouider. Cette production se veut une initiative courageuse dans le traitement de ce phénomène nouveau.