L’art de faire de la politique, c’est aussi l’art de faire prendre ses vessies pour des lanternes. Autrement dit, le politique ne dit jamais où il veut en venir, il manie mieux que quiconque l’autre art, celui de la diversion.
Depuis quelques temps une polémique enfle autour du port de la burqa en France que des députés veulent interdire. Est-ce que le phénomène est aussi « pandémique » que la grippe A qui menace ? Non, bien sûr. Le journal Rue89 (lire l’article ci-dessous) a enquêté par exemple sur la burqa, essayé de la débusquer, mais surtout de s’en procurer une. Rien, walou, les journaliste ont fait le tour des boutiques parisiennes qui proposent ce genre d’effets vestimentaires religieux, sans succès. Il y en a pas. Il paraît qu’il faut faire sa commande d’Afghanistan, ou prendre carrément l’eurostar direction Londres, pour enfin espérer trouver sa burqa. Alors pourquoi tout se tintamarre autour de cette histoire ? En plus, ces « burqawoman » ne courent les rues de Paris. Pas assez en tout cas pour que le parlement « s’affole » comme il le fait.
La réponse est peut-être ailleurs. La burqa ne serait après tout, que l’arbre qui cache la forêt de la crise, des délocalisations, des licenciements, du chômage galopant, du pouvoir d’achat en berne, de la visite du premier ministre israélien Netanyahou à Paris et tutti quanti…
A la fin, on est tenté de conclure que la burqa ne cache pas seulement le visage et le corps de la femme, elle cache surtout les vrais desseins des politiques et leur manque de solutions aux véritables problèmes qui laminent la société française…
FA
« Une burqa ? Non, je ne sais pas où trouver ça »
A Paris, Rue89 n’a pas trouvé de boutiques vendant le voile dissimulant corps et visage qu’un groupe de députés veut interdire.
Alors que la proposition du député communiste André Gerin de créer une commission parlementaire sur le port de la burqa ranime de vieux débats, Rue89 s’est posé la simple question de savoir où l’on peut se procurer le controversé vêtement.
Nous voilà donc partis à la recherche de cette longue tunique couvrant intégralement le corps, et dissimulant le visage derrière un fin grillage.
Première étape, les alentours du boulevard Barbès, où se concentre une importante communauté arabe. Rue de la Goutte-d’Or, plusieurs boutiques proposent des « vêtements orientaux ». De burqa, ici, nulle trace : aucun marchand n’en vend, aucun ne sait où l’on peut s’en procurer. Celui-ci nous détaille ses articles :
« J’ai des djellabah (30 euros), des hijab (le foulard islamique, à 3 euros)… des niqab aussi, ce sont des pièces de tissus que l’on met sur son visage. Ce sont plutôt les musulmanes du Golfe qui utilisent ça, beaucoup moins les Maghrébines. Quant à la burqa, c’est afghan, ça n’a rien à voir avec les Arabes. »
« C’est un phénomène très marginal »
Au juste, les critiques d’André Gerin visent aussi bien la burqa que le niqab. Ce dernier, un carré de tissu coûtant entre 4 et 15 euros selon le tissu, on peut se le procurer dans certaines boutiques.
Certains dissimulent tout le visage, d’autres laissent voir les yeux. S’en vend-il beaucoup ? Le vendeur n’en sait trop rien. Bien, mais où se fournissent les fameuses porteuses de burqa ?
« On peut en faire venir directement d’Afghanistan ou du Pakistan. On en trouve aussi en Angleterre. Mais les musulmans de France, qui sont presque tous originaires du Maghreb, se gourent complètement en portant ce vêtement qui est étranger à leurs traditions. De toute façon, c’est un phénomène très marginal. On en voit peut-être un peu plus en banlieue, parce que là-bas les femmes sont plus repliées dans leur cadre de vie… mais pour beaucoup de filles, c’est aussi de la provocation, une réaction à l’exhibition des femmes. Plus on fait des histoires sur le voile, plus elles seront nombreuses à le porter. »
« Personne n’en vend ici »
La quête continue, mais c’est chou blanc également dans la boutique d’à côté :
« Une burqa ? Non, je ne vois pas où trouver ça. De toute façon, nous n’avons aucune demande pour ce genre d’article. Peut-être vers Belleville… »
Rue Jean-Pierre Timbaut, plusieurs boutiques vendent pèle-mêle livres religieux, tabac pour narguilé, petits remèdes, vêtements et accessoires islamiques. Dans la première venue, notre demande laisse perplexe :
« Des burqas ? Je n’en ai jamais vu, jamais. Personne n’en vend ici. La seule chose que nous ayions pour dissimuler le visage, ce sont les niqab. Nous en vendons très peu, disons entre cinq et dix par mois : c’est peut-être un peu plus qu’avant, mais c’est aussi que les gens sortent plus de leur cachette. De toute façon, ça reste insignifiant par rapport aux ventes de foulards, par exemple. Dites, écrivez bien que le port du niqab n’est pas obligatoire dans l’islam. »
Aurions-nous plus de chance en banlieue parisienne ?
« Non, si aucun magasin ne l’a ici, je ne pense pas que vous le trouverez ailleurs. La burqa, ce n’est pas une obligation islamique, et ce n’est pas non plus une tradition arabe. »
On commence à désespérer de jamais trouver un magasin de burqa. Au reste, il semble que d’autres s’y soient essayé, sans beaucoup plus de succès…
Dominique Albertini
Rue89