France. Des élus de droite veulent interdire les drapeaux étrangers lors des mariages

Redaction

dr Une partie de la droite tente d’ouvrir un nouveau front sur les questions d’intégration. Une centaine d’élus UMP ont signé une proposition de loi interdisant les drapeaux étrangers, notamment algériens, marocains et tunisiens, lors des cérémonies de mariage. Déposé début novembre par Elie Aboud, député UMP de l’Hérault, le texte entend donner aux maires la possibilité d' »interdire aux participants d’arborer des drapeaux ou signes d’appartenance nationale autres que ceux de la République française ».

Établissant un lien avec les sifflets contre La Marseillaise au Stade de France lors de matches de football, les parlementaires estiment que la présence de drapeaux étrangers dans les mairies constitue des « manifestations de non-respect de l’identité française ».

Les signataires soulignent que « ces pratiques dérangent la conscience nationale ». « A l’heure de ce grand rendez-vous (le mariage), il faut choisir : ou bien l’on décide de s’unir à l’être aimé lors d’un mariage, uniquement drapé aux couleurs de la République (et l’on en épouse alors tous les principes), ou bien l’on y renonce, en toute liberté », exposent-ils.

« Il existe un vide juridique pour permettre au maire d’assurer l’ordre public pendant les cérémonies. Mon souhait n’est pas d’interdire systématiquement tous les drapeaux étrangers, mais de donner aux élus la possibilité, au cas par cas, de les interdire s’il y a des provocations », indique Elie Aboud, en évoquant des perturbations « de plus en plus fréquentes » lors de mariages, en particulier dans le sud de la France. « Les invités arrivent dans ces cabriolets ou des voitures que je ne pourrais pas me payer. Ils ne respectent pas le code de la route, roulent avec de la musique orientale à fond, les drapeaux algériens ou marocains agités à l’extérieur. Ils font des allers-retours dans tous les sens à toute allure. Et à l’intérieur de la mairie, il y a des cris et des drapeaux . »

« C’était le souk »

Membre du club Génération France, créé par Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, pour lequel il anime un atelier sur la « communauté » française, le député de l’Hérault voit dans ces pratiques le signe d’un « mal-être » et d’une « schizophrénie totale » des jeunes gens issus de l’immigration. Un phénomène accentué, selon lui, depuis les incidents en marge de la qualification de l’équipe d’Algérie pour la Coupe du monde de football. « Dans cette population, il existe un sentiment antifrançais qui se traduit par des provocations », insiste l’élu. « Certains vont dire « voilà l’UMP qui court après le FN ! » Mais je refuse de laisser croire que le FN aurait le monopole du drapeau tricolore ! », se défend M. Aboud.

Plusieurs maires de droite du sud de la France ont anticipé une éventuelle réforme législative en réglementant localement les mariages. A Cavaillon, le maire, Jean-Claude Bouchet, député UMP du Vaucluse, fait signer aux futurs époux, depuis six mois, une charte détaillant leurs devoirs pendant la cérémonie. « On faisait face à des débordements importants, avec des convois qui prenaient des ronds-points en sens interdit, avec des tambours dans la mairie, avec des drapeaux. C’était le souk », explique l’élu.

Depuis la fin du printemps, les mariés doivent s’engager à respecter la charte. « Le déploiement de drapeaux est interdit dans l’enceinte de la mairie et sur son parvis », précise le texte. A défaut de signature, le maire a fait savoir qu’il refuserait de marier ses concitoyens. « Ça n’est peut-être pas légal, mais c’est une question de bon sens », revendique l’élu. « En six mois, on a eu une centaine de mariages et pas un seul refus de signature de la charte. Surtout, on n’a plus eu d’incidents », se félicite le député.

La mairie de Bollène (Vaucluse), dirigée par Marie-Claude Bompard, ancienne du FN, aujourd’hui MPF, a édicté une charte similaire. « En octobre, un mariage a dérapé. Il y a eu des coups de feu en l’air, le blocage de la circulation à l’extérieur de la mairie, des cornes de brume et des drapeaux à l’intérieur de l’hôtel de ville. Ça a choqué les Bollénois », justifie l’entourage de Mme Bompard. La commune voisine d’Orange (Vaucluse), dirigée par son mari, Jacques Bompard, membre aussi du MPF, est allée un peu plus loin. Un arrêté du 1er décembre interdit les drapeaux étrangers « dans les locaux de la mairie » et à ses « abords immédiats ». Une décision qui figure en première ligne de l’argumentaire de la Ligue du Sud, la liste que conduit M. Bompard pour les élections régionales en PACA. Sur les questions d’intégration, la politique n’est jamais loin.

Luc Bronner
(Lemonde.fr)