Frères de mauvais sang et de larmes.‏

Redaction

larme A l’inverse de l’amour fraternel que doit incarner l’invariable éthique d’un collectif familial, la haine éternelle est apposée au revers de la médaille dans le sens amoral du terme. On s’aime, on se déchire quel que soit la nature des relations prédisposées ou de l’environnement plus ou moins bien planté. L’arabe aime son frère jusqu’à la mort, il est même prêt à mourir pour lui, pour l’honneur. Il est même prêt à battre le tambour de la guerre contre son propre cousin devenu soudain l’ennemi juré pour divers intérêts.

On aura vu de centaines de frères algériens à l’assaut des portes des cousins marocains arracher avec la cadence « Qassamenniène » les pelletés de sables que ces derniers se sont iniquement octroyés. La haine jetée dans les clans opposés a éclaboussé les rivages lointains si bien que les effets chroniques subsistent encore dans les têtes. Il aura fallu, donc, passer par un affrontement pour conclure quelques années plus tard un traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération.

A retenir !

Il ne manque que le déclic qui peut tôt ou tard se déclencher et fera des frontières arabes de réels générateurs économiques, scientifiques et culturels.

Malheureusement, il n’y aura ni fraternité, ni bon voisinage, ni coopération lorsque bien plus tard encore le contentieux du Polisario retentit comme un écho à répétition se propageant au-delà du désert. Malgré cela, comme pour conjurer le sort et revenir obligatoirement à de meilleurs sentiments ordonnés par la tradition islamique vis-à-vis des différents provoqués par des gens issus de la même confession, proscrivant toute division au sein de la communauté, un vent d’optimisme souffle sur le Maghreb, particulièrement après la création de l’UMA. Puis plus rien. Le sentiment de réserve et d’appartenance au clan national voire régional subsiste encore plus fort même si le véhicule de la langue commune existe bel et bien alors que dans la nouvelle communauté européenne on bute sérieusement sur ce problème titillant. Quoi parler, English, Deutsch, Dutch, Espanol, Italiano, Gréco, Slava ou bien Français ? Le problème risque de perdurer indéfiniment et par conséquent ne préparera jamais la représentation de l’harmonie linguistique communautaire si bien sûr les européens en souhaitent ardemment l’idée.

D’est en ouest, de l’orient à l’occident de la Méditerranée, l’arabe, parlé séparément sous toutes les intonations et les dialectes, sans interruption à travers de centaines de millions de gorges, difficilement absorbable par l’esprit européen, se meut dans une affluence multiculturelle. Elle recouvre même à partir des discours politiques sobres ou enflammés ou à l’ombre des minarets dans les prêches tendres et vindicatifs, cet accent littérairement universel qui prédispose à la conformité inter-nations arabes. Il ne manque que le déclic qui peut tôt ou tard se déclencher et fera des frontières arabes de réels générateurs économiques, scientifiques et culturels. Il vaut donc mieux pour le moment réunir les ensembles en monceaux plutôt que de les englober en un seul bloc. Comme dit si bien cet adage populaire, il est préférable de ne pas mettre les œufs dans un même panier.

En attendant cette hégémonie identitaire à l’intérieur d’El oumma el arabia on continue à s’insulter et à se montrer du doigt devant la face du monde, satisfaite de ce sempiternel acharnement. Chacun garde jalousement ses clôtures en attendant lamentablement que l’autre fasse le faux pas pour le fustiger ouvertement et retrouver par là un semblant de supériorité afin de modérer en son sein les carences des populations en mal d’avenir. On s’unit on se désunit à outrance sous l’égide de la fraternité chère à Salah Eddine, à l’Emir Abdelkader et à d’autres hommes illustres qui ont de toute leur vie, avec force et sagesse, tenté d’idéaliser la notion arabe.

Cependant il est injuste de critiquer la gouvernance d’un pays qui se trouve avec fatalité limitrophe aux bases antagonistes juxtaposés à des pays ayant la même culture, de ce fait il est pris en étau par la pression exercée des deux bords. En dépit des apparences plus ou moins trompeuses, il doit faire preuve d’une grande ténacité pour éviter l’embrasement général de la région et par là même de toutes les nations environnantes en l’occurrence arabes. L’Égypte est peut être ce pays qui a fermé les portes à son frère opprimé mais son apparence indigne est à l’égal de la dureté que présente les forces opposées. Sa sensible position géographique l’oblige à jouer le rôle de bouc émissaire d’El oumma el arabia en attendant que ses déviations diplomatiques aient peut-être un jour raison. Il en faut bien un !

A. Ouadda