Huit hommes soupçonnés d’être impliqués dans des attaques à main armée en 2004 et 2005 censées avoir servi à financer la cause de l’islamisme radical, notamment en Irak, comparaissent à partir de lundi devant une cour d’assises spéciale à Paris.
Ce procès, qui doit durer un mois, illustre pour l’antiterrorisme français les liens de l’islamisme avec le grand banditisme ou la délinquance ordinaire. En 2008, d’autres islamistes radicaux avaient été jugés à Paris pour avoir financé leur cause en rackettant des prostituées.
Démantelé en 2005, le groupe qui doit être jugé à Paris était composé de deux Français, d’un Franco-algérien, d’un Algérien et de quatre Tunisiens. Il a, selon l’accusation, été formé après des contacts en détention et ses chefs avaient des contacts avec des membres d’Al Qaïda à l’étranger.
Son principal responsable serait le Franco-Algérien Ouassini Cherifi, 36 ans, qui, à sa sortie de prison après une première peine pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, aurait entrepris de former un gang de « braqueurs » pour financer la guerre sainte en Irak.
Selon des dépositions recueillies par les juges d’instruction, des contacts ont été pris en Syrie, en Algérie et en Turquie, où l’éventualité d’attentats en France aurait été évoquée.
Un lien est avancé par l’accusation avec un autre dossier visant un autre groupe démantelé ces dernières années, Ansar al Fath (« les Partisans de la victoire »), qui se serait financé par des rackets de prostituées et était dirigé par Safé Bourada, un Français de 38 ans.
Ouassini Cherifi a rencontré en détention entre 2000 et 2004 cet homme qui purgeait alors une peine de dix ans de prison pour son rôle dans les attentats islamistes de 1995 en France.
EXPLOSIFS ET ARMES RETROUVÉS
Apparait aussi dans le dossier jugé à Paris l’Algérien Mohammed Benyamina, autre responsable d’Ansar al Fath, qui a déclaré dans un interrogatoire en Algérie avoir envisagé de frapper l’aéroport d’Orly, le métro parisien et la DST, avec l’aide de l’argent qu’aurait amené Cherifi.
Le groupe Cherifi était organisé autour de boutiques de téléphonies et d’internet, notamment un cybercafé à Aubervilliers et un restaurant à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) appelé le « Rendez-vous Gourmand » qui servait de lieu de réunion, d’après l’accusation.
L’enquête s’est dénouée après une attaque manquée contre un bâtiment de dépôt de fonds de la société Securitas le 7 octobre 2005 à Beauvais (Oise), qui avait échoué, les explosifs utilisés n’ayant pas fait assez de dégâts pour ouvrir un accès.
Un enregistrement de vidéosurveillance montre trois hommes, dont, selon l’accusation, Ouassini Cherifi, qui nie cependant toute participation.
Une perquisition dans un box appartenant au groupe a permis aux policiers de découvrir un stock de 19 bâtons de dynamite, deux fusils d’assaut, plusieurs revolvers et pistolets, des talkies-walkies, un pull-over de la gendarmerie et des plaques de la police.
Le procès se déroule au moment où le gouvernement a fait état, ces dernières semaines, d’un risque d’attentat terroriste. En septembre, des fausses alertes ont provoqué l’évacuation de la tour Eiffel et de ses environs à deux reprises.
Plusieurs dizaines d’islamistes radicaux sont emprisonnés dans le pays, qui assure avoir déjoué plusieurs projets d’attentats ces dernières années.
Reuters
(*) titre de la rédaction