L’incertitude planait vendredi soir sur une éventuelle venue à Paris du président Zine el Abidine ben Ali, qui a quitté le pouvoir après un mois de troubles sociaux dans son pays.
Selon une source policière, la police française se préparait à l’arrivée du président tunisien dans la soirée de vendredi.
Peu auparavant, un conseiller de l’Elysée avait affirmé n’avoir aucune information permettant d’attester de la venue à Paris du président tunisien, qui aurait quitté son pays.
Au terme de plusieurs semaines de violences sociales, le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a annoncé vendredi après-midi que Ben Ali était temporairement dans l’incapacité d’exercer ses fonctions.
La situation en Tunisie a fait l’objet d’une réunion à l’Elysée en présence du président français Nicolas Sarkozy et du Premier ministre, François Fillon.
« La France prend acte de la transition constitutionnelle » et elle « souhaite l’apaisement et la fin des violences », peut-on lire dans un communiqué de l’Elysée.
Pour la présidence française, « seul le dialogue peut apporter une solution démocratique et durable à la crise actuelle ».
Le ministère des Affaires étrangères a vivement conseillé aux ressortissants français de ne pas se rendre en Tunisie, où l’état d’urgence et un couvre-feu ont été décrétés.
« Compte tenu de la situation instable qui prévaut actuellement dans le pays, il est vivement conseillé de différer tout voyage qui n’aurait pas un caractère d’urgence », lit-on dans un communiqué du Quai d’Orsay.
Air France a annoncé en fin d’après-midi l’annulation de tous ses vols vers la Tunisie, où l’armée a pris position autour de l’aéroport de Tunis.
AIR FRANCE ANNULE SES VOLS VERS TUNIS
La compagnie nationale française a fait faire demi-tour à l’un de ses vols à destination de la capitale tunisienne.
« On a suspendu momentanément nos vols vers Tunis en raison de l’état d’urgence et la fermeture de l’espace aérien », a déclaré une porte-parole .
« Un vol vers Tunis a fait demi-tour », a-t-elle ajouté.
Devant l’ambassade de Tunisie à Paris, des scènes de liesse ont accueilli l’annonce du départ de Ben Ali.
« Je suis fier d’être Tunisien, c’est la première révolution numérique, c’est la première révolution pacifiste », a dit sur i>Télé l’un des jeunes manifestants.
« On est un peuple uni et il faut maintenant restaurer une vraie démocratie », a-t-il ajouté.
Un autre opposant a déclaré : « Tout n’est pas gagné, on est à la croisée des chemins ».
Du côté des personnalités politiques françaises, le premier secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry estime que « le départ du Président Ben Ali doit permettre la transition démocratique ».
« La diplomatie française doit s’engager sans ambiguïté en faveur de la démocratie en Tunisie, à laquelle le peuple tunisien a montré qu’il aspirait avec force », ajoute-t-elle.
La secrétaire nationale d’Europe Ecologie – Les Verts, Cécile Duflot, a jugé pour sa part qu’il « serait inacceptable que la France devienne un refuge pour celui qui par son obstination et sa gestion policière risque de précipiter la Tunisie dans une situation périlleuse ».
« La France ne peut accueillir Ben Ali », ajoute-t-elle dans un communiqué.
Reuters