– Vote de la loi anti-foulard islamique à l’école en 2004 en France,
– Vote de la loi anti-minarets en Suisse il y a moins d’une semaine,
– Débat à l’Assemblée Nationale sur la burqa en France en ce moment, vote certain de la loi correspondante sous peu.
Sans compter les innombrables clichés sur tout musulman ou groupe musulman s’affirmant comme tel parce que louche par essence !
Vous ne trouvez pas que ça commence à bien faire ? Non ? Au pays des Lumières, la démarche ne semble plus éclairée que par la lanterne de ma concierge quand on frappe à sa porte après 17h.
La France n’est pas seule en plus. La Suisse, l’Italie, les Pays Bas, tout le monde fait tout ce qu’il peut pour correspondre de son mieux à ma concierge.
On doit sourire avec attendrissement à Washington en voyant le toutou de ma concierge lever la papatte sans qu’on ne lui demande rien.
Excès de zèle, hypocrisie, fausse indignation, détournement de pensées…
Ma concierge doit cependant prendre quelques cours de politique parce que, derrière son côté trouillard, elle n’empêche personne de penser, d’aimer, de croire et d’agir. Je l’aime bien au fond ma petite concierge. Surtout qu’elle va bientôt crever de faim avec la crise. Elle va bientôt tomber malade avec l’exploitation. Elle va bientôt se retrouver à la rue si elle ne paye pas ses charges mais ! Mais il y a un mais !
Mais il est vrai qu’il y a des minarets qu’elle n’a jamais vus de sa vie mais qui pourraient gâcher le paysage si joli et si doux de notre chère terre épurée.
Mais ! Parce qu’il y a un autre mais !
Mais il y a les femmes voilées et emburquanées qu’elles ne voient qu’à la télé !
Mais, parce qu’il y a encore pleins d’autres mais !
Mais il y a les sans-papiers trop foncés, les jeunes de banlieues défoncés, les rappeurs excités, les 3ème générations pas intégrées, les barbus mal rasés, les mosquées surpeuplées, les voleurs de pain des français, bref, on s’arrête là parce qu’il ne faut pas trop les lui rappeler. Ma concierge va débloquer.
Alors, ma concierge et tous ses amis, quand le soir, ils ont bien regardé la télé, qu’ils ont bien compris ce qui ne va pas dans leur vie (non ! pas la misère et l’exploitation, mais l’islam et ses dérivés !), ils vont voter contre les minarets, le voile, la mosquée, la burqa, la barbe, le rap, la banlieue et tous ces dégénérés.
Ça nous donne un schéma intellectuel qui est le suivant et qui tourne en boucle :
… Hommes politiques…TF1…ma concierge…hommes politiques…TF1…ma concierge…
Alors, j’aimerais savoir une chose essentielle pour moi ? Pourquoi ma concierge n’est pas à l’Assemblée Nationale ? Parce que vraiment, elle est bien, elle au moins, elle est sincère ! C’est déjà ça !
Parce que chez ces gens-là Monsieur,
On n’aime pas Monsieur, non,
On ne parle pas, Monsieur,
On ne prie pas Monsieur, non,
Parce que chez ces gens-là Monsieur,
On compte !
Le lumineux Brel vous aurait sans doute écrit une belle chanson Messieurs les députés de France et de Navarre. Oui, je sais, il était athée et misogyne et tout ce que vous voulez mais lui, il était sincère !
Voltaire, dont ce n’est pas non plus la faute, aurait dit à la femme excessive qui porte la burqa : pourquoi tu fais ça ? Je n’aime pas ça ! Mais tu peux le faire. Exprime-toi.
C’est ça la Lumière ! C’est cela qui doit tendre à s’universaliser Messieurs ! C’est la liberté Messieurs qui doit être universelle.
« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres »… Une autre lumière. La contrainte proverbiale que les Lumières ont enfantée.
C’est à ce point précis que vous avec accordé vos violons pour bercer ma concierge. Vous n’êtes rien de plus que les marchands de sable de ma concierge. Vous lui susurrez à l’oreille votre rengaine islamophobe à longueur de médias en lui faisant croire que c’est l’islam qui menace sa liberté et non pas votre politique impériale et antisociale qui menace sa vie… et elle s’endort ma concierge… en oubliant son estomac vide, son débit bancaire et les menaces des huissiers. Le dimanche matin, elle va voter : non à l’islam.
Vous savez ? Vous ne me faites pas peur. Ce qui me fait peur, c’est qu’entre vous et ma concierge, il n’y a plus de Brel, de Voltaire, d’Abbé Pierre, de Coluche et de Molière. Il n’y a plus d’intelligences, il n’y a plus de discernement, il n’y a plus de valeurs.
Il n’y a plus de talent, tout simplement.
Comme disait une autre lumière : « Non, cette époque n’est pas la mienne ».
Meriem Laribi.