Chers confrères, chères consœurs, l’heure est grave et les temps sont obscurs.
La dignité du journaliste est compromise et son honneur est bafoué de jour en jour. L’exemple de la jeune Hadjer Guenanfa qui a été licenciée, humiliée et chassée effrontément de sa rédaction pour avoir oser dire la vérité sur ces conditions socioprofessionnelles dans les colonnes d’un journal confrère, El-Watan, n’est en réalité que la goute d’eau qui a fait déverser le vase. Oui, qu’on se le dise en toute franchise, la coupe est bel et bien pleine. Les brimades, le mépris, les humiliations et les atteintes aux droits les plus fondamentaux façonnent le quotidien du journaliste Algérien. Les patrons de presse n’hésitent jamais à exercer toutes les pressions possibles et imaginables pour étouffer toutes les tentatives émancipatrices que les journalistes essaient de mettent en œuvre. Isolés, marginalisés, certains journalistes tentent tant bien que mal de remettre en cause l’ordre établi. En vain, malheureusement. Esseulés, nous sommes une faiblesse. Unis, nous sommes une force. Combien de Hadjer compte encore notre presse nationale ? N’avons-nous pas pleuré la disparition soudaine et tragique de 9 confrères depuis le début de cette année ? Jusqu’à quand allons-nous rester les bras croisés face à la loi de l’arbitraire ?
Le rassemblement qui a eu lieu hier à la Maison de la Presse nous a prouvé à toutes et à tous que nous pouvons s’organiser et manifester spontanément notre indignation et notre refus de la « hogra ». C’était un signal très fort qu’il ne doit en aucun cas demeurer un vague souvenir. Hadjer continuera à hanter nos consciences. Jusqu’à l’heure, son patron n’a pas fait marche arrière et brandit toujours la menace d’une poursuite judiciaire. Nous devons continuer notre mobilisation pour que ce procés, celui de la honte, ne se tiendra jamais. Une telle souillure ne devra aucunement entacher notre corporation. Pour rappel, ses droits ne lui sont toujours pas restitués. Pour cela, nous appelons à la création du Comité Indépendant des Journalistes Algériens (CIJA). Ce comité que des journalistes libres et indépendants mettront en place accompagnera la jeune Hadjer dans son combat contre son employeur. Il s’engagera à combattre cette injustice qu’on ne doit jamais taire.
Ce comité nous fournira également l’opportunité pour se mobiliser et dénoncer tous les abus auxquels nous assistons quotidiennement dans l’exercice de notre métier. Une prise de conscience est vitale. La liberté de la presse ainsi que la dignité du journaliste sont des biens précieux que nous devons défendre au prix de tous les sacrifices possibles. Mes chers confrères, mes chères consœurs, cet appel est lancé de nos plus profonds tripes. Fondons le CIJA et lançons-nous à la reconquête de nos droits et notre Dignité.
Une profession, une Corporation, Un combat