Depuis le 4 août 2010, les familles de disparus sont systématiquement empêchées d’atteindre leur lieu de rassemblement habituel ; devant le siège de la CNCPPDH. Désormais, elles se donnent rendez-vous un peu plus loin, chaque mercredi matin, devant la caisse des retraites située à une cinquantaine de mètres de là, avec l’espoir de pouvoir à nouveau gagner le lieu où elles se rassemblaient depuis plus de 12 ans. Pourtant, l’endroit où elles sont, aujourd’hui, contraintes et forcées de se cantonner est bien plus visible, mais elles refusent de baisser les bras et tentent tous les mercredis de récupérer l’espace qu’elles avaient arraché au prix de nombreux coups et blessures. Elles ne veulent pas que les autorités pensent avoir réussi, qu’il suffit de quelques policiers pour les intimider.
Elles sont une trentaine, parfois une cinquantaine mais elles sont toujours là, au même endroit, quelque soit le temps, quelque soit le nombre de policiers qui les attendent de pied ferme. Brandissant les photos de leurs proches disparus et vêtues des foulards de Sos disparus, elles scandent des slogans pour la Vérité et la Justice, contre l’oubli et l’impunité. Elles continuent inlassablement de réclamer que toute la lumière soit faite sur le sort de leurs proches disparus et que les responsabilités soient établies. Parfois, elles tentent de franchir les cordons de police. L’essentiel pour elles, est de faire un pas, de ne jamais abandonner. Quand elles arrivent devant le rond point, à cinq mètre à peine de la CNCPPDH, elles sont encerclées par des dizaines de policiers. Bravant les interdits, elles continuent de scander leurs slogans, un peu plus fort.
Les luttes pour la démocratie et pour les droits de l’Homme dans la région leur ont redonné espoir. Elles ont écrit de nouvelles pancartes sur lesquelles on peut lire des slogans faisant référence à Ben Ali, à la chute du régime. Elles se mettent à espérer que si l’Etat de droit voyait le jour en Algérie, elles obtiendraient enfin la Vérité et la Justice tant attendues.
Un mercredi sur deux, les policiers les forcent à monter dans le bus. Arrivées à la station d’Audin, elles descendent, sortent les banderoles et les photos et recommencent à crier leurs slogans jusqu’au bureau de Sos Disparus. Lorsqu’elles finissent par se séparer, elles se donnent rendez-vous la semaine suivante. Leur présence et leur rassemblement rappellent que le dossier des disparus n’est pas clos, que le combat n’est pas terminé et ne le sera pas tant que toute la Vérité et la justice n’auront pas été faites.
Fait à Alger, le 2 mars 2011
Nassera Dutour
Porte-parole du CFDA
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Collectif des familles de Disparus en Algérie (CFDA)
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