La France dans le rouge : une banque d’Asie coupe les crédits aux banques françaises*

Redaction

Une banque en Asie a coupé ses lignes de crédit aux grandes banques françaises et cinq autres banques asiatiques sont en train de revoir leurs crédits, ont indiqué jeudi à Reuters six sources bancaires.

La hausse soudaine du sentiment de risque, associée à la chute brutale des cours des banques françaises mercredi, ont incité certaines banques en Asie à réexaminer leurs risques de contrepartie et à regarder si elles devaient réduire leur exposition aux établissements bancaires européens, ont expliqué ces sources, de six banques asiatiques.

Des rumeurs mercredi selon lesquelles la France était sur le point de perdre sa notation « triple A », démenties par les agences de notation, ont contribué à provoquer le plus grand écartement de l’indice européen des dérivés de crédit (CDS, credit default swap) depuis la crise financière de 2008.

Le responsable de la gestion des risques au sein d’une banque basée à Singapour a expliqué avoir coupé ses lignes de crédit aux banques françaises en raison des risques de contrepartie qu’elles présentent.

« Nous avons coupé. Les limites ont été retirées du système. Il faut obtenir des autorisations pour chaque cas (de crédit, NDLR) », a-t-il expliqué, refusant d’être nommé en raison de la sensibilité du sujet.

Il n’a pas non souhaité donner le nom des banques visées par cette décision.

« Il est évident que nous réexaminons (les crédit, NDLR) », a souligné le responsable des risques d’une autre banque à Singapour.

« Tout est en rapport avec notre position sur le risque crédit des banques françaises », a expliqué un autre banquier au sein d’une banque japonaise.

Interrogées sur ce changement de perception des banques asiatiques vis-à-vis des banques françaises, une porte-parole de BNP Paribas a répondu: « Nous ne commentons jamais les rumeurs de marché. »

Le Crédit agricole, qui publie ses résultats du deuxième trimestre fin août, n’a pas non plus souhaité faire de commentaire, tandis qu’aucun commentaire n’était disponible dans l’immédiat auprès de la Société générale.

« Les niveaux de capital (des banques françaises, NDLR) sont adéquats et les programmes de refinancement à moyen et long terme sont réalisés dans des conditions tout à fait satisfaisantes », a réagi de son côté Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, qui contrôle les banques.

« Les évolutions récentes des marchés boursiers n’affectent pas la solidité financière des banques françaises », a-t-il ajouté dans un communiqué.

L’ensemble des valeurs bancaires européennes ont été vivement attaquées mercredi, les françaises et les italiennes en tête, plombées par les spéculations sur le « triple A » français et par un regain des craintes d’extension de la crise de la dette à l’Italie et des spéculations sur le plan d’aide grec.

L’action SocGen a dévissé en raison de rumeurs sur sa solidité financière et sur des problèmes de refinancement, démenties par la banque.

Reuters
(*) Le titres est de la rédaction