La France humiliée par les organismes internationaux de lutte contre la discrimination raciale
Jadis très respectée et citée en exemple par les organisations internationales de lutte contre la discrimination raciale, la France est depuis quelques mois régulièrement pointée du doigt et même condamnée par des organismes qu’elle a souvent contribué à mettre en place.
Le 15 juin 2010, c’est la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), un organe du Conseil de l’Europe, qui s’inquiétait du « climat de xénophobie » qui entoure les questions d’immigration en France.
L’ECRI rappelait aux autorités françaises que les membres des minorités visibles sont les principales victimes des discriminations.
Hier 11 août 2010 et aujourd’hui 12 août 2010, c’est le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (le CERD) qui met notre pays au banc des accusés dans le cadre de l’examen de la politique française envers les minorités.
Les experts du CERD ont très vivement critiqué la France ce 11 août 2010. Ils ont pointé une regrettable « recrudescence notable du racisme » en France et ont dénoncé une absence de « de vraie volonté politique » de lutte contre la discrimination raciale.
Comme cela n’était jamais arrivé auparavant depuis la création du passage en revue des politiques des pays qui ont adopté la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, la France a été humiliée et des experts du CERD se sont même interrogés sur la constitutionnalité du concept de « Français d’origine étrangère » remis au goût du jour par le Président de la République Nicolas Sarkozy et par le gouvernement.
La France perd son rang en matière de respect des droits de l’homme et de droits des minorités et devient de fait, la risée des instances internationales de lutte contre la discrimination raciale.
Il faut déplorer ces humiliations successives infligées à une France dont les valeurs ont pourtant essaimé hors de ses frontières.
Ces condamnations internationales récurrentes de la politique française envers les minorités soulignent à la face du monde, la marginalisation des minorités en France.
La montée des discriminations et la dénonciation de cette « recrudescence » de la discrimination raciale en France font craindre une radicalisation de l’action des certaines associations françaises de défense des minorités.
Le gouvernement doit s’attendre à une forte mobilisation des associations de défense de l’égalité.
Ce gouvernement, malgré les promesses de campagne du candidat Nicolas Sarkozy ne s’est pas réellement mobilisé contre la discrimination raciale. Bien au contraire, il a fait le choix d’une offensive sécuritaire et n’a jamais donné la priorité à la prévention ou à la répression des discriminations.
Patrick LOZES
Président du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France), depuis 2005.
Nouvelobs