« En France, le roi est nu », titre le quotidien suisse Le Temps. Alors que les scandales et révélations se multiplient au sein du gouvernement, il dresse un bilan accablant de la politique menée depuis trois ans par le président. Un échec sur toute la ligne, accuse-t-il.
Il y avait, au moment de son élection en 2007, quelque chose de magique chez Nicolas Sarkozy. Son âge, son énergie, sa volonté de rupture, sa boulimie de réformes et un discours séduisant bâti sur des valeurs, comme le « travail », et des promesses, comme la « République irréprochable ». Après l’interminable torpeur des années Chirac, la France semblait enfin prête pour le grand saut, pour des ajustements de son train de vie douloureux et néanmoins plébiscités.
De fait, les premiers mois au pouvoir de cet homme monté sur des ressorts ressemblèrent à un véritable feu d’artifice. Nicolas Sarkozy semblait alors d’une habileté inouïe. Il pratiqua « l’ouverture politique » pour associer des personnalités de gauche à son action et lui conférer un caractère d’intérêt national. Il brandit la carte de la « diversité » en s’entourant de trois femmes issues des minorités visibles, pour incarner la France de demain. Politiquement, il paraissait invincible: l’extrême droite était moribonde, la gauche déboussolée et le centre avait perdu toute raison d’être.
Trois ans plus tard, l’artifice a fait long feu. Il ne reste de l’ouverture qu’un ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui n’a pas eu son mot à dire depuis 2007, et la figure trouble d’Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Il ne reste de la diversité que la secrétaire d’Etat aux Sports, Rama Yade, qui peine à justifier ses frais de voyages, et celle chargée de la Politique de la ville, Fadela Amara, dont le Plan Espoir Banlieue» se révèle un échec complet et qui est, elle aussi, accusée d’avoir fait de son appartement de fonction un usage très personnel.
Le bilan présidentiel semble ainsi devoir se résumer à la seule réforme des retraites, urgente et nécessaire mais qui pourrait bien sombrer avec son artisan, Eric Woerth. De fait, il y a fort à parier que la démission forcée, le 4 juillet au soir, de deux secrétaires d’Etat ne suffira pas à restaurer la crédibilité d’un gouvernement carbonisé et l’autorité d’un président dont la cote de popularité est au plancher. Nicolas Sarkozy a joué avec le feu, et il est en train de perdre. Le spectacle qui apparaît au fur et à mesure que se dissipe le nuage de fumée est affligeant : la France est surendettée, les réformes sont paralysées et l’extrême droite s’apprête à renaître de ses cendres.
Courrier International