L’Algérie a acheté plus d’un million de tonnes de blé meunier depuis le début de l’année pour tenter de contenir le mécontentement populaire dans un contexte régional tendu, ont rapporté lundi des traders européens.
L’office algérien des céréales (OAIC) a acheté en fin de semaine dernière au moins 600.000 tonnes de blé meunier d’origine optionnelle et recherche au moins 50.000 tonnes de blé dur, ont-ils précisé.
Quatre Algériens ont tenté de s’immoler par le feu ces cinq derniers jours pour dénoncer la pénurie d’emplois et leurs conditions de vie, ont rapporté plusieurs titres de la presse locale.
L’un des traders a estimé que l’office pouvait ainsi avoir acheté jusqu’à 750.000 tonnes de blé meunier pour alimenter les moulins, actuellement sous haute surveillance par les autorités gouvernementales.
Ce volume élevé, dont les embarquements sont prévus en mars et avril, s’ajoute aux 350.000 tonnes déjà contractées au début du mois de janvier.
« Manifestement, ils cherchent à constituer des stocks de réserve », a dit un trader en estimant « fortement probables » des consignes gouvernementales en ce sens.
« Il faut qu’ils achètent. Ils ont peur de ce qui se passe ailleurs », a ajouté un autre, faisant allusion aux émeutes tunisiennes.
Selon les sources, l’Algérie aurait payé le blé entre 360 et 365 dollars/tonne coût et fret.
L’origine de la marchandise sera déterminée en fonction des prix en vigueur au moment des chargements.
La France est de longue date un fournisseur privilégié d’Alger en blé meunier mais les derniers achats pourraient inclure quelque bateaux en provenance d’Amérique du Sud, Brésil et/ou Argentine notamment.
Selon des données compilées par Reuters, un peu plus de deux millions de tonnes de blé tendre ont déjà été chargées vers l’Algérie depuis le début de la campagne.
Toutefois, les disponibilités françaises tendent à s’amenuiser alors qu’il y a peu de blé de qualité meunière disponible cette année dans le monde.
L’office algérien a par ailleurs lancé un nouvel appel d’offres pour la fourniture d’au moins 50.000 tonnes de blé dur pour des chargements en mars, ont poursuivi les sources.
Ce nouvel appel d’offres fait suite à l’achat, fin décembre, d’au moins 200.000 tonnes de blé dur d’origine optionnelle alors que le pays avait mis en place une taxe dissuasive à l’importation pour favoriser l’écoulement des stocks accumulés la saison dernière.
Reuters