C’est une mascarade. Qu’on se le dise en toute franchise : Bouteflika qui s’affiche avec les Chavez, Morales, Lula et les autres chefs d’Etat des pays de l’Amérique Latine, exhibant une mine éclairée par l’orgueil, n’a pas, en vérité, à être fier de son amitié avec ces Hommes, avec le h en majuscule, qui ont sorti leurs pays de l’ornière et remis leurs nations en bonnes places sur l’échiquier international.
Qu’a-t-il de commun entre notre président de la République et ces politiciens hors pairs qui se sont fait un point d’honneur de combattre la corruption, la «médiocratie» et la « méfiocratie» qui ont longtemps obscurci les horizons de ce continent dont l’esprit révolutionnaire avide de justice et de progrès social coule dans les veines de chaque «latinos» ? Et ben rien, absolument rien.
A voir comment Chavez, Bolivar des temps modernes, a nargué les américains en reprenant entre ses mains la gestion des richesses pétrolières du Venezuela pour assurer une juste répartition entre la population de cette rente, à voir comment Lula a su mettre en place une politique sociale et économique qui a fait du Brésil un géant mondial et un pays accueillant les jeux Olympiques 2018 et la Coupe du Monde 2014, à voir comment Morales s’est engagé dans l’élimination des inégalités sociales et les privilèges des «castes d’en haut», l’on se dit aisément que notre Napoléon à nous, lequel laisse derrière lui un pays vidé de son énergie et même de son espoir en avenir meilleur, ne brille par aucune aura «présidentielle» à même de le rendre fier de quoi que ce soit.
Pis encore, la dynamique, sociale, politique et culturelle, qui embrase l’Amérique Latine nous interpelle directement nous, citoyens. Et pour cause, nous qui admirons la grâce et la magie du football Brésilien et Argentin, nous devrions sérieusement réfléchir pour savoir pourquoi nous, Algériens, nous n’avons jamais su porter le changement jusqu’aux hautes sphères du pouvoir ? Au moment où les Argentins brulaient leur parlement, trempé dans la corruption et les malversations, nous autres, on observait honteusement la farce parlementaire orchestré par des députés vendus à la solde du pouvoir et enrichis par leurs salaires mirobolants.
L’Amérique Latine s’émancipe, se révolte et relève des défis, l’Algérie et le monde Arabe sombrent dans l’obscurantisme et les gouffres du sous-développement. La voila la vérité amère dont Bouteflika et ces confrères Arabes portent une grande responsabilité. L’Amérique Latine est le nouveau miroir de nos turpitudes. Alors de grâce qu’on cesse de nous abrutir avec ces sommets Arabo-Amérique Latine et qu’on apprenne enfin à suivre l’exemple de ces peuples qui arrachent leur liberté et recouvrent leur dignité.
Yacine Merbah