Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé dimanche que le développement économique national « doit d’abord compter sur les potentialités locales, publiques et privées ». « Des potentialités, qui, nous le disons sans complexes, demeurent dans le besoin d’un apport qualitatif de l’étranger », a-t-il reconnu lors de la présentation de la Déclaration de politique générale du gouvernement devant les membres du Conseil de la Nation.M. Ouyahia a assuré, dans le même temps, que « l’entreprise algérienne, publique ou privée, doit savoir qu’elle pourra compter sur les pouvoirs publics pour accompagner son essor sur son propre marché et pour tirer prioritairement profit de la commande publique ».
Il a ainsi cité la mesure prise par l’Etat permettant aux entreprises locales publiques, privées ou mixtes, d’être éligibles à une marge préférentielle
pouvant aller jusqu’à 25% sur la commande publique.
Il a soutenu également que l’Algérie dispose d’atouts importants pour réaliser elle même son développement économique. « L’Algérie n’a pas besoin de privatiser pour assurer les équilibres de ses finances publiques », a-t-il assuré.
Le Premier ministre a rappelé, dans ce contexte, les trois objectifs majeurs du gouvernement, à savoir, l’augmentation de la croissance du secteur agricole à 8% annuellement de manière stable et continue, relever de 5% à près de 10 % la part de l’industrie dans la valeur ajoutée globale qui se crée annuellement et de poursuivre, enfin, la réduction du chômage bien en deçà de 10% durant les cinq prochaines années.
Il a expliqué, à ce propos, la démarche nationale en matière de promotion du développement économique et qui s’appuie, a-t-il dit, sur trois principaux repères. Le premier a trait, selon M. Ouyahia, au secteur de l’agriculture qui bénéficiera d’un important appui, décidé par le président de la République, pour un montant annuel de 200 milliards de DA. Les subventions publiques à l’agriculture « pourraient évoluer à la hausse », mais, a conditionné le Premier ministre, »au rythme avec lequel augmenteront les productions agricoles, notamment celles stratégiques », et au rythme de la réduction de la facture des importations alimentaires, et celui avec lequel l’économie agricole contribuera à la sauvegarde du pouvoir d’achat des consommateurs. Le second repère porte sur l’appui apporté par l’Etat à l’ensemble des entreprises du pays, qui seront accompagnées et encouragées dans leur développement, a-t-il indiqué.
M. Ouyahia a rappelé que les entreprises publiques qui disposent encore d’une part de marché seront remises à niveau par l’Etat propriétaire, et accèderont au financement bancaire nécessaire à leur modernisation. « Près de 200 entreprises publiques ont déjà bénéficié de la mise en route de leur processus de modernisation pour un total de plus de 600 milliards de DA dont notamment près de 500 milliards DA de crédits bancaires sur le long terme et fortement bonifiés », a-t-il ajouté.
Pour les petites et moyennes entreprises, le Premier ministre a fait savoir que l’Etat a mis en place un important programme de soutien et un arsenal de dispositions pour garantir leurs crédits bancaires, et d’alléger leurs charges fiscales et parafiscales. Il a affirmé, en outre, que les entreprises de »pays frères et amis » qui activent sur notre marché, sont appelées à concourir au développement de l’Algérie et à la modernisation de son économie en contrepartie de nombreux avantages qui leurs sont accordés par l’Etat tels qu’une quasi défiscalisation durant la phase de maturation des investissements, l’accès aux commandes publiques aux conditions préférentielles reconnues aux entreprises nationales.
Le Premier ministre a fait, par ailleurs, un constat de la situation économique nationale dans ses forces et ses faiblesses, relevant en premier lieu la nécessité de « démultiplier » la participation de la sphère économique pour relancer la croissance, dans la mesure où la dépense publique d’investissements « ne sera pas toujours récurrente ». Il a appelé, à cet égard, le capital privé national à s’engager davantage dans l’investissement productif, la création de richesses et d’emplois, et la participation à la croissance.
M. Ouyahia a estimé, en outre, que l’importante dépense publique d’investissement a fortement fait progresser le développement humain et amélioré les conditions de vie des citoyens. Elle a aussi crée des emplois, réduisant le chômage. Il a regretté, pour autant, que l’industrie n’ait participé qu’à près de 5% de la valeur ajoutée globale en 2009, soit moins que la part des services de l’administration, qualifiant cette situation d’ « inacceptable ».
Le Premier ministre a soutenu également que le devenir économique de l’Algérie « ne saurait se construire dans le secteur des services seulement »,
affirmant que l’investissement étranger « n’a pas encore été au rendez-vous sensiblement hors du secteur des hydrocarbures ». Il a affirmé, enfin, que la détermination de l’Algérie à insérer son économie dans la mondialisation « ne saurait servir de passage pour transformer notre pays en comptoir commercial.
APS