Le Front Polisario saisit le Conseil de sécurité sur l’accord de pêche UE-Maroc

Redaction

Le Front Polisario a saisi vendredi le Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer la décision de l’Union européenne de prolonger l’accord de pêche avec le Maroc, soulignant qu’il s’agit d’une  »exploitation illégale des ressources halieutiques au large des côtes du Sahara occidental ».

En vertu de cet accord, qui devait expirer le 27 février en cours, I’UE verse au Maroc une compensation financière de 36,1 millions d’euros par an.

Dans une lettre adressée à la présidente actuelle du Conseil de sécurité, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, le représentant du Front Polisario à l’ONU,

M. Ahmed Boukhari, souligne que la Commission européenne avait confirmé que l’accord de partenariat de pêche (APP) s’appliquait non seulement dans la zone de pêche marocaine, mais aussi dans les eaux du Sahara occidental.

Dans ce sens, le représentant sahraoui a rappelé à la présidente du Conseil de sécurité que  »les eaux du Sahara Occidental ne sont pas marocaines », ajoutant que  »tels que le savent tous les membres du Conseil de sécurité, le Sahara occidental est en attente de décolonisation à travers un processus d’autodétermination en vertu de la Charte des Nations Unies ».

 »La revendication du Maroc sur le Sahara occidental a été catégoriquement rejetée par la Cour internationale de Justice en 1975, et n’est reconnue par aucun pays dans le monde », a-t-il rappelé.

En outre, poursuit-il,  »le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), membre à part entière et fondateur de l’Union africaine, avait déclaré, le 21 janvier 2009, que les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental sont une Zone économique exclusive (ZEE) ».

 »Cette déclaration a été communiquée au Secrétaire général de l’ONU et aux missions diplomatiques de tous les Etats membres des Nations-Unies à

New York le 22 Janvier 2009, et a ensuite été consignée dans le rapport du Secrétaire général sur la situation relative au Sahara occidental en avril 2009 ».

 »Le Maroc ne peut donc, légalement, ni réclamer ni chercher à exercer des droits souverains dans les eaux adjacentes à la côte du Sahara occidental, comme il ne peut étendre son territoire de pêche à cette zone », note M. Boukhari.

 »Les membres du Conseil de sécurité se souviennent que dans un avis transmis au Conseil de sécurité en janvier 2002, le conseiller juridique de

l’ONU avait souligné que si les activités de prospection et d’exploitation sont entreprises au mépris des intérêts et des souhaits du peuple du Sahara occidental, elles seraient en violation des principes du droit international », a-t-il indiqué.

A cet effet, ajoute le représentant sahraoui, cet accord entre l’UE et le Maroc est  »une violation flagrante du droit international par l’UE qui cherche à s’appuyer sur des arrangements avec le Maroc afin de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental. »

Pourtant, précise M. Boukhari,  »le Front Polisario avait écrit, au 31 janvier 2011, à tous les Etats membres de l’UE à Bruxelles leur demandant de rejeter la proposition de la Commission européenne de prolongation de l’accord ».

 »Lors d’une réunion du Conseil européen le 21 février, le Danemark, la Suède et le Royaume-Uni ont rejeté la proposition de la Commission, tandis

que l’Allemagne et la Finlande se sont abstenues. Tous les autres Etats membres, dont deux membres actuels du Conseil de sécurité, ont appuyé la proposition et ont obtenu l’approbation de la proposition de mandat de négociation », regrette le représentant sahraoui.

 »Suite à cette regrettable décision du Conseil de l’UE, toute prolongation de l’accord actuel, en vertu de l’APP, qui n’exclut pas expressément les eaux du Sahara occidental de son champ d’application géographique, signifierait non seulement une violation du droit international, mais présente un risque de déstabilisation d’une situation déjà volatile au Sahara occidental », prévient-il.

 »Ce qui aurait pour effet de saper les efforts déployés par l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental afin de trouver une solution pacifique au différend qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément au mandat donné par le Conseil de sécurité », avance-t-il.

Pour M. Boukhari,  »en ce moment sensible, le Conseil de sécurité doit veiller à ce que les activités illégales en matière de ressources naturelles du Sahara Occidental doivent cesser immédiatement, dont la pêche illicite par des navires de l’UE dans les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental ».

APS