La percée du commerce électronique est-t-elle possible dans un marché dominé à 70% par l’informel? La question mérite aujourd’hui de la méditation et une longue préparation pour convaincre les Algériens à troquer le cash contre la carte à puce. Le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication a annoncé au début de cette semaine que le paiement par carte à puce d’Algérie Poste au niveau des grandes surfaces et des pharmacies sera possible dès le quatrième trimestre de 2009.
Algérie Poste (AP) a déjà entamé le déploiement des terminaux de paiement électroniques (TPE) au niveau du territoire national. «AP a lancé une opération d’environ 1.000 terminaux de paiement électronique qui vont être déployés durant le dernier trimestre de 2009 et les citoyens pourront payer dans des pharmacies, supers-marchés et supérettes avec cette carte à puce», a affirmé M. Bessalah à la presse lors d’une tournée dans des bureaux de poste de la wilaya d’Alger. «Algérie Poste est en train de passer des conventions avec des supérettes pour le déploiement des TPE», a-t-il précisé, soulignant que les problèmes liés à la mise en place de ce nouveau mode de paiement «ont été pratiquement réglés avec les institutions financières du pays». «J’espère qu’on va aller bientôt vers non seulement le retrait avec la carte à puce, mais le paiement avec cette carte», a-t-il ajouté.
Des réticences
Les déclarations optimistes du ministre semblent occulter l’entrave principale à la généralisation du commerce électronique en Algérie qui n’est autre que les réticences des commerçants vis-à-vis de ce nouveau mode de paiement. A l’exception des officines, de certains hôtels et des grandes surfaces de distribution situés dans les grandes villes du pays, les terminaux de paiement électronique n’arrivent pas en réalité à séduire grand monde. Il existe aujourd’hui seulement 3.000 terminaux de paiement électronique répartis à travers le territoire national.
Un chiffre presque insignifiant vu l’étendue du pays et le nombre de cartes de paiement électronique en circulation qui frôle en début de cette année les 500.000. Rares sont les commerçants qui adoptent ce nouveau mode de paiement électronique. Sur le terrain les terminaux de paiement électronique ne trouvent pas preneur. Pourquoi nos commerçants boudent-t-ils les TPE pourtant censés faciliter les transactions commerciales? La réponse est simple: le commerce électronique ne va pas seulement limiter les transactions en cash mais il va surtout permettre une traçabilité des transactions commerciales.
Conséquence: le commerce électronique devra faciliter le travail de l’administration fiscale. Les services des impôts n’auront qu’à demander un relevé bancaire du commerçant pour connaître le montant exact des transactions effectuées durant l’année. Un cauchemar pour des milliers de commerçants qui trouvent très bien leurs comptes dans les transactions en cash. La généralisation de ce nouveau mode de paiement sera une tâche des plus ardues à cause des mentalités négatives. La preuve nous vient de la carte magnétique CCP qui est actuellement utilisée par seulement 31% de ses détenteurs. Sur les six millions de cartes confectionnées par AP seuls 3,5 millions ont été utilisés au moins une fois. Un chiffre qui ne reflète pas la réalité, puisque rares sont les citoyens qui utilisent régulièrement leurs cartes CCP. Une simple virée dans les bureaux de poste qui sont pris d’assaut à longueur de journée par des files interminables devant les guichets prouve que les Algériens ne sont pas encore prêts à changer leurs habitudes.
B.M.
Avec Le Financier