Par Nassim Brahimi
Rebaïne : «Je suis un vrai opposant».
Ndlr : à l’opposition
L’Algérie pré-électorale nous scinde en deux catégories : les «moutchou» des bains de foule et les autres qui embrassent la main étrangère, ennemis qu’on veut absolument créer et crédibiliser pour décrédibiliser la pluralité. Paranoïaque et inventant sa propre raison d’être, le système algérien fait la même monumentale erreur qui caractérise le tiers-monde : il y va frontalement, percevant en la diversité une menace existentielle, et optant pour la confrontation comme moyen de survie.
Le monde entier est un immense système. A l’exception du machiavélisme partagé, le système algérien demeure primitif et foncièrement rentier. Il ne pense pas et calcule à peine le coup qu’il joue. Sa configuration est déstructurée, son fonctionnement est instinctif et sa vulnérabilité le rend schizophrène, au point d’inventer une Algérie confinée aux pourtours d’El Mouradia, après quoi, il ne percevrait que le reflet de son incompétence.
Combien de temps pourra-t-il subsister ainsi ? Traversera-t-il l’épreuve du temps ? L’Histoire des peuples nous enseigne que non.
Il n’y a que les systèmes évolués qui durent.
Les autres s’auto-phagocyteront inéluctablement.
Petite leçon de géopolitique pour tous ceux qui croient que l’Algérie fait partie de l’équation universelle. Dans un entretien accordé à la journaliste Isabelle Girard, Zbigniew Brezinski*, a répondu comme il suit à une question qui concerne l’Algérie, alors en pleine décennie noire (1998).
Isabelle Girard : dans votre livre**, vous ne parlez pas de l’Afrique ?
Zbigniew Brezinski : je respecte le pré carré de la France (…).
Isabelle Girard : le drame algérien ne fait pas partie de vos préoccupations ?
Zbigniew Brezinski : Non, c’est votre problème (Ndlr, celui des Français !).
No comment.
N.B
* Zbigniew Brezinski :
-Conseiller à la sécurité nationale du Président des États-Unis Jimmy Carter, de 1977 à 1981 ;
-Un des stratèges à l’influence avéré auprès de l’actuel Président américain, Barack Obama
** Zbigniew Brezinski a notamment écrit «Le Grand Échiquier» (Hachette, 1997). Ce livre n’étant plus vraiment d’actualité suite aux attentats du 11 septembre 2001, il en édita une version actualisée sous le titre «Le Vrai Choix» en 2004. Dans la version de 1997, il affirmait qu’un nouveau Pearl Harbor serait nécessaire pour faire accepter à la population les projets militaires et impérialistes américains.