Presque à chaque fois que la police tue un homme dans les cités, la violence se déchaîne. Pourquoi demandent les braves gens ? Parce que la vie d’un homme ce n’est pas rien. Parce que la vie d’un homme n’a pas de prix. Parce que faire grandir un être humain jusqu’à ce qu’il devienne un homme ça prend du temps, des années. Et pour le tuer, quelques secondes. Et c’est révoltant.
Il n’y a que ceux pour qui la vie (la vie des autres, la vie de certains autres) ne vaut rien, qui ne comprennent pas cela. Qu’on touche à un seul cheveu de quelqu’un qu’ils aiment et ils verront que eux aussi sont capables d’être violents. Ceux qui n’ont pas d’autre bien que leur propre vie, en connaissent le prix. On nous a expliqué que l’homme braqueur qui est mort à Grenoble, avait un travail, qu’il était souriant et serviable, un mec sympa. Il ne parlait jamais des affaires louches auxquelles il participait. Et nous qu’est-ce qu’on sait de ces affaires ? Hein ? Moi en tous les cas je n’en sais rien.
On nous dit qu’il frayait avec des grands bandits. Qu’est-ce que je connais moi aux grands bandits ? Rien. Les grands bandits, moi je dis que c’est à la police de s’en occuper, pour que justement, ces grands bandits n’aillent pas enrôler des gens souriants et sympathiques qui ont un boulot, dans la banlieue de Grenoble ou ailleurs. Je sais, on va me dire que j’exagère là. Non, pas du tout. Les grands bandits, je le redis, c’est l’affaire de la police. Ils sont armés comme eux. Ils travaillent dans le même monde. Ils sont outillés pour débusquer les grands bandits. Ils doivent les arrêter et les présenter à la justice pour être juger.
C’est à ça que ça sert la police. A faire régner l’ordre. A protéger ceux qui en ont besoin.
Et pourquoi on devient bandit ? Et pourquoi on le reste ? Pour l’argent, pour en gagner vite un gros tas sans travailler ? On nous dit que le bandit de Grenoble travaillait… Et si finalement il n’avait pas été un gros bandit ?
Et si c’était ça qu’ils disent, les habitants qui manifestent dans les banlieues. Que la police doit s’occuper des vrais bandits. Et qu’elle arrête de les traiter eux, les habitants, comme s’ils étaient tous des bandits ?