Les femmes du sud. Une galère sous un soleil de plomb

Redaction

« Le Sahara algérien n’est il pas l’endroit le plus propice aux mirages« . Ses illusions d’optique (où l’image réelle est déformée), racontées dans les comptes de fée, consacrées dans les studios hollywoodiens et intronisées par la réalité sociale du pays. « L’argent du pétrole, l’égalité des sexes et le pouvoir d’achat, ne sont que des mythes comme ceux qu’on racontes dans les comptes des milles et une nuits » estime Yasmine, militante des droits de l’homme.

Timimoune est un région où les femmes ne travaillent pas. La rare participation de la gente féminine dans la vie de la cité se concentre au centre ville, à la poste ou à l’oasis rouge (sorte de musée, espace ludique pour enfants, bibliothèque et maison de jeunes à la fois).

Apparemment pas très passionnés par leurs taches, le moindre va et vient dans l’oasis est prétexte pour sortir. Ici, les femmes sont coupées du monde extérieur. Contrairement aux idées reçues, elles sont très communicatives. Les étrangers n’osent pas les aborder à cause de l’idée qu’ils se font du poids des traditions dans la région.

La barrière de la langue y est aussi pour quelque chose. Résultat: le rush d’étrangers, de citadins dans la cité n’y fait rien, « ces femmes restent cloitrées, malgré le nombre de visiteurs » explique encore Yasmine.

Dans le reste de la région, le constat est encore plus amer. Au milieu des long trajets en lignes droites, on aperçoit parfois de jeunes filles assises à même le sol présentant des articles artisanaux.

Sous un soleil de plomb, elles attendent non loin de chez elles (à quelques centaines de mètres de leurs maisons) l’arrivée des rares touristes pour leur vendre leurs marchandises. Ces coins sont bien connus des guides, c’est d’ailleurs grâce à ces derniers que les touristes peuvent rallier ces endroits reculés, retirés et surtout ignorés.

De jeunes filles à la fleur de l’âge, qui n’ont bénéficié d’aucune instruction les accueillent. Leur seul occupation et gagne pain en même temps est la vente de leurs produits artisanaux.

« Nous sommes sept filles à la maison, nous sommes obligés de vendre ce que nous pouvons pour aider nos parents » nous confie l’une d’entre elles. Une scène digne des grands reportages diffusés sur les télévisions du monde, dans des no men’s lend.

Pauvreté, chaumage, famille nombreuses, ces filles très discrètes ont pourtant toujours le sourire comme sur les cartes postales. Il est vrai que la tchatche n’est pas leur fort. Aucune comparaison avec les marchands d’artisanat du centre ville entrainés au bavardage avec les visiteurs et autres rares touristes étrangers. Les filles, en revanche, enveloppées dans leurs ample voile qui laisse à peine passer les traits de leurs visages, demeurent elle yeux baissés, dans l’attente d’une quelconque commande, qui dés qu’elle sort de la bouche d’un potentiel client, fait dessiner un large sourire qui vite se propage les frimousses des six sœurs présentes en face des touristes.

« Je ne rate pas une occasion d’acheter des babioles à chaque arrêt. Non pas que je sois un féru d’artisanat, mais c’est ma façon de participer. Que ferraient ces gens sans ce commerce de proximité. Tant qu’ils n’ont pas d’alternatives, c’est ma manière de faire du commerce équitable, même si les produits sont de moindre qualité » confie un vacancier algérois.

Au début des année 90, au plus fort de la décennie de terrorisme, les touristes avaient quasiment « déserté » ces régions qu’ils redécouvrent aujourd’hui. Même les locaux boudaient ces terroirs éloignés considérés dangereux.

Les familles obligées de subvenir à leur besoins avaient trouvé une manière originale et non moins surprenante pour gagner un peu d’argent. La vile de Timimoune n’abritant aucune usine de concassage, les entrepreneurs devaient acheminer leurs matériaux de constructions depuis le chef lieux à des centaines de kilomètres. Ainsi, les femmes de Timimoune avaient entrepris de récolter du gravier directement du sol. La terre est alors passée au tamis, et le gravier récolté et vendu par sac aux entrepreneurs. Les cailloux de petite et moyenne dimensions sont cassés et les grosses pierres sont jetées. Tout ceci sous un soleil de plomb et sans l’aide des hommes, partis chercher du travail dans les villes.

Un travail très laborieux et fatigant pour les femmes de la région qui y passaient tout leur temps. Des journées entières de travail qui leur permettaient à peine de subvenir à leur besoin tellement la récolte est difficile et lente. « C’est grâce à ce gravier qu’ont été bâties les rares constructions de cette période là. C’était une main d’œuvre bon marcher et très facile à trouver » se rappelle Mustapha, lui-même chauffeur routier.

Aujourd’hui ce troc n’existe plus. Rare sont ceux qui parlent encore de ce fait inédit et indigne des entrepreneurs qui profitaient de la misère des gens. Cette misère qui elle par contre subsiste encore. Le gravier est toujours acheminé dans de gros camions pour la constructions d’édifices qui devraient selon la logique des choses servir aux sédentaires.

Concernnant les derniers travaux en date, un centre de remise en forme pour les anciens Moudjahidines, Mustapha le chauffeur ironise en déclarant, « c’est une bonne initiative en leur faveur, surtout qu’il n’en reste que trois de nos jours. »


Kh_louna pour algerie-focus.com

Crédit photo illustrant cet article Christel ehretsmann