Les émissions diffusées par les chaînes satellitaires « ont beaucoup nui » aux téléspectateurs intéressés par leur religion, ont indiqué, mardi à Tlemcen, les participants au colloque sur « La Fetwa, entre règles de la charia et défis de la mondialisation ». Ces émissions peuvent « nuire aux fidèles ou à toute personne curieuse de savoir plus sur sa religion, au lieu de leur rendre service », ont-ils déclaré.
Le Dr Belmehdi Youcef, cadre au ministère des Affaires Religieuses et du Wakf, a expliqué que les chaînes satellitaires « peuvent constituer un moyen de construction pour unir les musulmans, servir leurs intérêts et régler leurs problèmes, comme elles peuvent être un outil de destruction ravivant les passions « Assabia » et déformant les connaissances en matière de religion ». « On ne peut rien espérer de tels organes qui font dans le commercial et dont l’unique objectif est de faire passer leurs produits et leurs spots lucratifs sous couvert de la religion », a estimé Dr. Belmehdi ajoutant qu' »en principe ils ne doivent pas diffuser de fetwas, même s’ils font appel à des savants et des enseignants compétents dans le domaine ».
Dr. Belmehdi a souligné que ces chaînes traitant de la religion gagneraient à éclairer les personnes qui s’interrogent sur leur religion et sur les questions intéressant leur vie quotidienne, « si réellement elles ont l’intention de servir l’islam et les musulmans ». Expliquant que chaque société musulmane à sa propre culture, ses différences géographiques, linguistiques et ses us et coutumes, cet universitaire a estimé, que le mufti, « quoique doté d’une large connaissance religieuse, ne peut connaître toutes les langues et les caractéristiques des différentes sociétés islamiques », d’où la risque de rendre son message biaisé et tronqué.
Le Dr Bouzid Boumediene, chercheur et universitaire, a estimé que l’algérien, à titre d’exemple, « a ses spécificités, ses traditions et son propre langage, qui ne sont compris que par un savant ayant une connaissance de ces coutumes, pour cela la fetwa repose sur une référence bien déterminée ». Le conférencier a appelé à multiplier les conseils de fetwa dans le pays et à hisser le niveau scientifique, afin de combler le vide et être à l’écoute des citoyens, dans le but de leur épargner le recours aux sources étrangères. Il a rappelé, dans ce sens, que le mufti algérien « doit être perspicace, informé du quotidien du citoyen, être à son écoute et apte à répondre avec objectivité » à tous ses questionnements.
Le colloque, organisé par le ministère des Affaires religieuses et du Wakf du 9 au 11 mai, en coordination avec l’université d’Oran et avec la participation de nombreux chercheurs, spécialistes et enseignants d’universités algériennes et de pays arabes et musulmans, a pour objectif de mieux orienter la proclamation de la fetwa et l’astreindre à des règles légales pour éviter tout clivage, selon les organisateurs. Les travaux de la deuxième journée de cette rencontre se sont déroulés en ateliers qui ont abordé des thèmes inhérents à la réalité de la fetwa, ses règles, ses méthodes et les défis de la mondialisation.
RAF