Les goûts et les couleurs (du ministre) ne se discutent pas.

Redaction

Tablier-speculationAOran_16 Il y avait foule, la dernière semaine du mois de ramadhan dans les rues d’Alger. Il est vrai que les algériens (mais surtout les algériennes) nous avaient habitué à la veille de l’Aïd àprendre d’assaut les magasins de vêtements et autres tailleurs ou couturières. A la recherche de la perle rare, elles courent les magasins cherchant l’élément que leur enfant (ou leurs enfants) arborera fièrement jusqu’à ce qu’il soit sali par l’un des milliers de climatiseurs qui coulent à travers les balcons des grandes villes, ou par un ballon surgi de nulle part (nulle part étant l’appellation qu’on donne à un terrain de jeu improvisé ,impossible à différencier d’un autre, tellement il y en a partout).

Sauf que cette année, la course était plus vivace, plus pressante, et les accessoires recherchés imprévisibles, au du moins saugrenus. Même le meilleur des experts stylistes parisiens n’aurait su prévoir la tendance, surtout pour la période. Finie la mode des jeans délavés, fini le temps des juste corps couleurs mauve, dépassé les pantalons taille basse, cette année les meilleurs des éléments de mode ont été tronqués par les algériennes contre un accessoire non moins important lorsque le contexte s’y prête: il s’agit des tabliers bleus et roses…. Des blouses, que les parents sont sortis acheter à veille des fêtes, de peur que leurs enfants ne soient tout bonnement exclus à défaut des fameuses « tenues ».

Il faut dire que le ministre de l’éducation est pour beaucoup dans ce chamboulement dans les tendances vestimentaires de nos rejetons. En effet, c’est suite à une instruction de sa part, que la couleur bleu pour les tabliers des garçons et rose pour ceux des filles ont été exigées au niveau de toutes les écoles du pays, créant ainsi un précédant. De plus, cette décision irréfléchie, ou pas assez, à semer la panique chez les parents apeurés de voir leur enfants se voir refuser le droit d’entrer à l’école au cas où il ne porteraient pas les couleurs « instituées ».

Une anarchie s’en est suivie étant donné que l’opération n’a requis aucune préparation. Du coup, une pénurie de tabliers dans les magasins au bout de quelques jours, les parents s’en remettant aux couturières et tailleurs. Même les importateurs pris de court n’ont pas pu répondre à la demande. Un quotidien national évoquait la semaine dernière la position anecdotique dans laquelle s’est retrouvé le personnel navigant de la compagnie nationale Air Algérie, assailli par les commandes de leurs proches en tabliers bleus et roses. La presse s’empare du phénomène et en fait état, certains titres tournent le phénomène en dérision et les caricaturistes en font de même, mais cela ne semble guère déranger les pouvoirs publics.

Versant dans le bricolage comme à chaque occasion des reformes démesurées mais entreprises, d’autres instructions auraient été données pour accepter… les nuances dans les couleurs des tabliers des enfants. Situation inédite qui a fait revenir les algériens aux années où leurs proches émigrés établis à l’étranger, descendus en vacances au bled, débarquaient des bateaux chargés en régimes de bananes, sacs de bonbons introuvables au pays et autre électroménagers hors de prix. Le retour du cabas est peut être pour bientôt. L’histoire se répète.

Kh_louna@hotmail.fr

Quitter la version mobile