Le simple fait de quitter clandestinement l’Algérie est désormais considéré comme un délit, voire un crime.
Aux termes du nouveau Code pénal, approuvé en août dernier par le conseil des ministres, les harragas (migrants clandestins) risquent de se voir condamnés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à six mois. Les sanctions sont plus lourdes pour les trafiquants qui coordonnent les réseaux de migrants, pouvant atteindre dix ans dans les pires des cas.
Et pourtant, c’est par centaine que des jeunes et moins jeunes, hommes femmes et enfants en désespoir de cause, quittent malgré eux la terre qui les a vu naitre, grandir, puis souffrir. Il y a de cela plus de dix ans, le phénomène était presque imperceptible, ne touchant que certaines grandes villes telles qu’Alger, Oran et Annaba, mais à mesure que la situation se dégradait, climat d’insécurité, terrorisme, mal vie, exode rurale, disparités sociales, chômage etc, les jeunes particulièrement de la côte ouest (Oranie) petit à petit et de bouche à oreille commencent par tisser des liens avec des passeurs Algéro-marocains en contre parties de sommes allant jusqu’à 50 milles dinars. C’est à ce moment que « Trigue El Hdada » (Route de la frontière) a repris du service. Objectif : Les camps de Seuta et Melilla. Enclaves espagnoles en territoire marocains et, porte ouverte sur l’Europe.
Dès que la filière fut connue, c’est par centaines que des jeunes algériens passent, la nuit venue, la frontière ouest. Venant d’abord des wilayas de l’ouest et du sud ouest, les jeunes candidats à l’immigration sont bientôt rejoints par leurs frères des autres régions du pays. Telle une trainée de poudre le phénomène s’accentue au point de constater que des quartiers entiers se vidaient de leurs jeunes habitués qu’ils étaient à soutenir les murs. Devant cet état de fait l’étau se resserre au niveau des frontières européennes, bien entendu. Des barrières sont érigées, et des centres d’internement bientôt s’élèvent sur le sol même de l’Afrique. Car le phénomène avait pris plus d’ampleur avec la venue de la vague des africains fuyants les conflits ethniques qui déchiraient leurs contrées lointaines. Bravant les déserts d’Afrique, les gardes frontières, les contrebandiers, et tous les autres périls, ces derniers se jetaient tels des fous, par vagues successives sur les rivages de cette Europe tant désirée. Les voies terrestres fermées, les jeunes algériens, optent alors pour la voie maritime. C’est que des côtes de l’ouest algérien, l’Espagne n’est qu’à quelques miles marins. Une promenade en quelque sorte. Mais une promenade qui risque de tourner au drame. Le nombre de corps repêchés par les différentes marines dépassent tout entendement. Il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on recense des corps de « harragas ».
Quand ils ont de la chance, ils sont repêchés au seuil de la mort. Leurs nombre, nul ne le connait, car le sujet heurt les autorités algériennes. Ce qui est sûr c’est qu’ils se comptent chaque année par millier. Cette année, c’est au tour de la côte Est de lm’Algérie de faire les unes des journaux. Les « harragas » d’ Annaba, ont lancé un assaut estival sur les cotes italiennes, on ne sait combien ils sont, s’ils sont arrivés ou s’ils se sont noyés. La presse locale donne des chiffres invérifiables. Devant la pression des européens, la réponse de l’Etat ne s’est pas fait attendre. La répression par l’emprisonnement. Une réponse qui, hélas, s’avère totalement inadaptée à la situation, l’hémorragie continue de plus belle…
Selon un récent décompte, plus 800 candidats à l’immigration ont été interceptés par les garde-côtes algériens depuis le début de l’année, ces personnes sont présentées à la justice rapidement mais elles n’hésitent pas à récidiver pour sortir du territoire. Finalement, ce phénomène incarne bel et bien l’échec d’une politique de l’emploi, l’absence aussi d’un environnement favorable à l’épanouissent et la réussite sociale, c’est l’échec d’un Etat…
M. Rachid.
Photo: H Aouragh