Les prix des viandes rouges et blanches sont jugés assez chers par les consommateurs après 18 jours de jeûne, une situation attribuée à la forte demande durant ce mois de Ramadhan et au phénomène de la spéculation. Une légère baisse est observée par rapport à la première semaine de Ramadhan, où les prix des viandes rouges (ovine et bovine) ont atteint le pic de 1.000, voire 1.100 dinars le kilo, a-t-on observé lors d’une tournée dans des marchés de la capitale.
Au marché de Bab El Oued dit «Trois Horloges», les prix de la viande ovine varient entre 800 à 950 dinars/kilo, alors qu’au début du mois, ils dépassaient la barre de 1.000 dinars. La viande bovine est cédée, au niveau du même marché, à un prix allant de 600 à 950 dinars/kilo, alors que la viande hachée, dont la demande augmente particulièrement pendant ce mois, se vendait entre 800 et 900 dinars/kilo. A quelques encablures de Bab El Oued, le marché d’Ali Mellah du 1er Mai a la particularité exceptionnelle de présenter des quantités importantes et variées de tous types de viandes (ovin, bovin, chevaline, poisson, dinde, poulet, lapin), mais les prix sont approximativement les mêmes. Le foie de veau, qui enregistre une forte demande en ce mois de jeûne, est proposé à 1.500 dinars/kg contre 1.800 dinars pour celui d’ovin. Les viandes blanches ne sont pas en reste et suivent la même courbe ascendante. Alors qu’il se vendait autour de 260 dinars/ kg juste avant le mois de Ramadhan, la viande du poulet fait un bond spectaculaire atteignant allègrement une moyenne de 350, voire 370 au marché de Belouizdad.
Pour le poisson, également demandé en cette période et à l’exception de la sardine proposée à 50 dinars kg, les prix se situent en moyenne entre 500 et 1.400 dinars, selon la variété à l’exemple de la crevette royale cédée à 1.200 dinars kg, le merlan 1.000 dinars ou la daurade autour de 800 dinars. Le seul moyen pour le simple citoyen de trouver la viande à «bon prix» sont les magasins spécialisés dans la vente de la viande congelée importée, cédée aux alentours de 500 dinars le kilo. Pour contenir cette flambée de prix, les pouvoirs publics ont mis à contribution la société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda) représentée sur le terrain par six points de ventes couvrant les régions d’Alger et de Blida. Au niveau de ces points de vente, la viande rouge est cédée à 680 dinars/kg, alors que celle du poulet est commercialisée à 250 dinars/kg. Ces magasins sont pris d’assaut par les consommateurs d’où la difficulté à satisfaire toute la demande.
La spéculation… toujours
«A 10h du matin, environ sept carcasses ont été écoulées», a indiqué Mohamed Flih, un boucher dans le quartier de Saïd Hamdine, à Bir Mourad Raïs, où est stationnée depuis trois ans, une roulotte appartenant à une filiale de Proda, équipée de moyens frigorifiques. A 14h, M. Flih attendait encore l’arrivée d’une nouvelle livraison provenant des centres d’engraissement et d’élevage appartenant à Proda, pour satisfaire la demande de ses clients en attente. Il nous est arrivé de vendre jusqu’à 20 carcasses durant les premiers jours du Ramadhan, a dit ce boucher qui regrette le nombre insuffisant de ces points de vente au niveau de la capitale. Outre les 80 points de vente dont elle dispose au niveau national, Proda compte mobiliser des camions frigorifiques ambulants pour vendre les viandes rouges et blanches à des prix fixes, a indiqué à l’APS son directeur général, Kamel Chadi. Pour expliquer cette flambée des prix, les différents intervenants évoquent le phénomène récurrent de la spéculation, exercée sur toute la chaîne, de l’éleveur au consommateur en passant par le mandataire, le grossiste et le simple détaillant. Ils réfutent l’idée de l’offre et de la demande qui serait à l’origine de la hausse des prix. Selon eux, les spéculateurs, quelles que soient leurs activités, «guettent» le moment propice pour faire des affaires durant le mois de Ramadhan. Pour apaiser cette tension, les pouvoirs publics tentent de mettre en place une stratégie pour réguler le marché des viandes rouges et blanches. Ainsi, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a chargé la SGP Proda pour piloter cette opération. Celle-ci, qui dispose déjà de centres d’élevage et d’engraissement, compte signer des conventions avec des éleveurs, d’abord pour faire écouler leur cheptel, puis avec des abattoirs publics et privés en vue de leur assurer un approvisionnement régulier. Proda ambitionne également de développer la franchise avec les boucheries et les rôtisseries. Une opération pilote a déjà été entamée à Sétif, à Skikda et à Batna. Selon M. Chadi, le but recherché, à travers ces contrats, est de préserver l’activité de l’éleveur et d’assurer un produit de qualité au consommateur avec un prix fixé à l’avance.
Avec Le Financier