L'œuvre et le parcours du poète Mahmoud Darwich évoqués par ses amis à Alger

Redaction

Des hommes de lettres, des traducteurs et des proches
du poète palestinien Mahmoud Darwich ont évoqué samedi à Alger l’œuvre et le
parcours de cet illustre homme de verbe, dont la poésie symbolisait l’amour
du pays et le combat des peuples contre la colonisation, notamment celui des
Palestiniens.
Lors d’une rencontre organisée au Musée national d’art moderne et contemporain
et devant un public nombreux, les intervenants, parmi lesquels des personnes
qui ont côtoyé le défunt poète, édité ses recueils dans plusieurs pays ou les
ont traduits vers d’autres langues, ont apporté des témoignages pleins de reconnaissance
et d’amour envers la poésie de Darwich et « sa sensibilité qui caressait en douceur
mais en profondeur le cœur des lecteurs ».
Pour l’éditeur, le passionné et l’ami à la fois des poèmes de Darwich
en France, Farouk Mardam Bey, « la première approche des textes de Darwich
était essentiellement politique, elle véhiculait un message d’espoir et représentait
une sorte d’appel à la résistance exprimé dans un romantisme révolutionnaire ».
Après son installation au Caire puis à Beyrouth dans les années 70,
l’œuvre de Darwich est devenue, selon M. Mardam Bey, « une référence politique
et poétique obligée dans le monde arabe » et elle lui a apporté « un écho dans
lequel, le politique n’étouffait pas l’innovation poétique ».
Il a ajouté qu’avec le temps et le développement des évènements en Palestine,
au Liban et dans le monde arabe d’une manière générale, et vu la notoriété qu’il
a acquise, Mahmoud Darwich, malgré son exil et son éloignement de sa terre natale,
« n’a jamais voulu être un héros, mais voulait juste être un citoyen libre dans
un pays libre ».
De son coté, le syrien Adel Karachouli, qui a traduit la poésie de Darwich
et de plusieurs poètes arabes vers l’allemand, a fait une intervention chargée
d’émotion à travers les mots et les expressions profondes qu’il a utilisés pour
parler du poète Mahmoud Darwich, qu’il a présenté comme « le joueur de dés qui
ne partira jamais ».
« Je n’ai jamais senti aussi fort la blessure des Palestiniens, ni la
nostalgie du pays, comme je l’ai sentie en lisant la poésie de Darwich. La Palestine
était gravée dans chacune des cellules que composaient le corps de cet homme,
il était très fièr de son pays », a indiqué M. Karachouli, ajoutant que ce poète
« rêvait toujours de vivre dans un monde innocent, calme et beau ».
L’écrivain Rachid Boudjedra a évoqué ses rencontres avec Mahmoud Darwich,
notamment en Tunisie. Il a confié que « le regard triste du poète qui reflétait
sûrement sa douleur envers sa patrie » l’avait touché.
« Le poète Darwich avait beaucoup d’humour, mais toujours sur un fond
de douleur. Il était un grand créateur, il a réussi, par son œuvre, à servir
la cause palestinienne », a-t-il souligné.

(APS)