Lorsque les lobbys étrangers contrôlent l’Algérie…

Redaction

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Souveraineté, en voila un mot si galvaudé par nos gouvernants. De tout temps, notre État s’est vanté d’échapper à l’ingérence étrangère. C’est sous le couvert de cette ingérence même que des actions de répression ont été menées à l’encontre de chaque parti politique ou mouvement citoyen désireux de porter le changement dans le pays.

Pour mieux asservir la société, le pouvoir a toujours fait danser la menace de « la main de l’étranger ». Cultivant ainsi la théorie du complot à volonté, les Algériens ont été programmés de la sorte pour stigmatiser les défenseurs des droits de l’homme, de la démocratie ou de la laïcité, lesquels seraient tous télécommandés à partir de l’Occident. Bref, pour son maintien, la souveraineté nationale a été souvent instrumentalisée par le Système Algérien.

Cependant, il se trouve que cette classe « dirigeante » n’est guère bien placée pour donner des leçons aux autres. Lion d’être une dictature soucieuse de l’intérêt et de la dignité de son peuple, le pouvoir Algérien est, en partie, soumis à la volonté de cercles occidentaux.

Pour s’en convaincre, il suffit pour cela de plancher sur le parcours au cœur du pouvoir depuis 1980 de certains acteurs «militaro-politiques» au rôle éminent dans le déclenchement, en janvier 1992, de la « sale guerre » qui a fait quelque 200 000 morts, des milliers de disparus, des dizaines de milliers de torturés dans les rangs du peuple algérien.

Rappelons-nous de la figure de Larbi Belkheir qui, en tant que conseiller du président Chadli Bendjedid, a construit dès les années 80 les fondements d’un système de pouvoir toujours en place aujourd’hui à Alger. Un système fondé sur deux piliers : la corruption généralisée et le contrôle de la société par la police politique, la Sécurité militaire (devenue DRS en 1990).

Pis encore, ce système s’est alors construit dans une étonnante symbiose avec certains cercles politiques et économiques français, dont Belkheir était sans doute, en Algérie, le principal interlocuteur. C’est la fameuse « Françalgérie », objet de la somme remarquablement documentée de Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire, Françalgérie. Crimes et mensonges d’États (La Découverte, 2004 ; édition de poche actualisée : La Découverte, 2005).

Dans ce livre, les auteurs ont bel et bien décrit l’ascension des « réseaux Belkheir » dans les années 1980, et leur rôle joué dans l’« élection » d’Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République en 1999. Depuis, l’influence des lobbys français ou américains ne s’est jamais démentie. De la réforme des Hydrocarbures, conçue par le pro-américain Chakib Khalil, jusqu’aux grands projets structuraux, autoroute Est-Ouest, Métro d’Alger, etc., des milliards ont été prétendument investis pour le bien-être des Algériens.

Mais, aujourd’hui, avec l’éclatement du scandale de Sonatrach et celui de l’Autoroute Est-Ouest, l’opinion publique a bien découvert que ses milliards ont été souvent détournés et transférés à l’étranger par la grâce du lobbying efficace français ou américain. Ces derniers ont jusqu’à aujourd’hui leur mot à dire sur ce qui se fait comme projet en Algérie. Aucun investisseur ne peut dès lors bâtir quelque chose s’il n’arrache pas le feu vert de ces lobbys à coup de commissions bien engraissées.

Les récentes révélations sur le rôle de Pierre Falcon dans l’octroi aux chinois de la construction de l’autoroute Est-Ouest prouvent, on ne peut mieux, que l’Algérie s’éloigne chaque jour davantage du rêve de son indépendance. Un rêve auquel des millions de martyrs ont sacrifié leurs vies. Leur mémoire mérite en tout cas beaucoup mieux que cela car tant que le Système corrompu se maintient aux commandes du pays, elle sera sans cesse souillée.

Dahmane S

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