Après l’indignation exprimée à Ghazaouat, et à travers tout le pays, suite à l’accident tragique de samedi dernier qui a causé la mort à 16 personnes, le débat s’est intensifié sur les véritables raisons de ce qui est appelé par hécatombe, voire terrorisme des routes. Dans la rue, on reste convaincu que cette situation est engendrée par une certaine légèreté des sanctions annoncées contre tout auteur d’une infraction au code de la route. C’est ainsi que les discussions à Ghazaouat tournent autour de la prévention et la protection contre les accidents de la circulation et les moyens à mettre en œuvre pour une répression des infractions au code de la route. Pour de nombreux citoyens, l’excès de vitesse pratiqué par des camionneurs même à l’intérieur des agglomérations et l’utilisation de moyens de transport présentant des défaillances mécaniques ont été les raisons le plus souvent évoquées. Un citoyen a rappelé l’arrêté du wali qui interdit aux poids lourds toute circulation sans remorques à l’effet de dissuader les contrebandiers de carburants, considérant que cette mesure a paradoxalement amené les transporteurs à contourner la loi et recourir aux remorques sans tenir compte des mesures de sécurité nécessaires. Un responsable à la direction des transports, Omar Benamar, a évoqué, de son côté, les dernières mesures prises pour lutter contre «le terrorisme sur la route», allant de l’amende au retrait de permis et même à l’emprisonnement des contrevenants. Il a encore rappelé les efforts déployés au quotidien par les neuf agences de contrôle technique de véhicules dans la wilaya, pour mettre tout engin roulant sur la voie publique aux normes requises. Ces agences font toutefois face à certains problèmes de «concurrence déloyale», a confié le propriétaire de l’une d’elles, Abderrahim Benmansaour, faisant remarquer que des automobilistes et des camionneurs recourent souvent aux services de certaines de ces structures qui font, selon lui, dans la complaisance.
Les statistiques
«Dernièrement, j’ai eu affaire à un camionneur qui n’a pas apprécié le rapport établi faisant état de réserves sur l’état des freins et des amortisseurs. Mécontent, il s’est rétracté en avançant des prétextes et a choisi une autre agence qui lui a délivré une expertise selon son desiderata», a-t-il déploré. Pour M. Benmansaour, la solution réside dans la coordination entre les gérants de ces agences sous l’égide de la direction des transports et l’entreprise nationale de contrôle technique automobile (ENACTA).
Le directeur de la sûreté de wilaya, Nouasri Salah, a affirmé, pour sa part, que les autorités locales prendront en considération les revendications des citoyens pour mettre fin à «l’anarchie» sur les routes, rappelant que des mesures draconiennes ont été prises pour lutter contre les crimes de la route, notamment par l’emprisonnement des auteurs d’accidents d’une année à 10 ans. Au cours des quatre premiers mois de l’année, 231 accidents de la circulation ont été enregistrés à travers le territoire de la wilaya, faisant 27 morts, selon le groupement de la Gendarmerie Nationale. 271 accidents de la route ont été dénombrés durant la même période de l’année précédente, faisant 35 morts, a ajouté la même source. Ces drames de la route sont le fait du facteur humain, particulièrement les conducteurs de poids lourds, dans 76% des cas, de l’état de la chaussée et des véhicules avec 7,7%, alors que les piétons sont à l’origine de 8,5% des accidents, selon la même source.
M.A.Y.
Le Financier