Messieurs et mesdames les juges, vous êtes la honte de l’Algérie !

Redaction

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Messieurs et mesdames les juges, c’est avec un grand déshonneur et un immense tristesse que je m’adresse à vous. Je ne vous demande nullement de pardonner mon insolence car pour moi vous n’êtes nullement en mesure de me juger de quoi que ce soit au regard de vos compromissions successives avec ce régime mafieux et illégitime qui étouffe notre pays. Vous l’aurez compris, messieurs, mesdames les juges, cette missive, qui peut-être ne vous parviendra jamais, n’exprime aucune bonne attention à votre égard. Vous, qui êtes habitués aux paroles doucereuses et aux honneurs des cours, allez certainement vous demander pourquoi je crache sur vous tout mon venin. Mais si vous regardiez un peu comment vous avez transformé nos tribunaux et cours de justice en abattoirs des valeurs les plus chères à l’être humain, à savoir l’équité, la droiture, la transparence et l’égalité devant la justice, vous pourriez comprendre un petit peu la teneur de mes propos.

Non messieurs et mesdames les juges, je ne suis ni un fou ni un schizophrène. Mais juste un citoyen conscient de ses droits et de ses devoirs et qui en a marre de vos agissements. Ainsi, vous qui prétendez défendre et protéger les idéaux de la justice, vous avez toujours la main légère pour ordonner l’arrêt des grèves enclenchées par des syndicats autonomes agréés et portées par des travailleurs honnêtes désireux de conquérir leurs droits sociaux fondamentaux et légitimes. Vous ne manquez jamais d’arguments pour accabler ces travailleurs qui luttent contre la pègre économique. Vous n’avez aussi jamais hésité à poursuivre les leaders du mouvement des médecins résidents qui ont pourtant, preuves à l’appui, démontré à toute l’Algérie comment notre système sanitaire a été corrompu jusqu’à la moelle par des responsables véreux et incompétents du ministère de la Santé. Votre conscience ne vous a, à aucun moment, dicté le devoir de s’autosaisir pour enquêter sur ces massacres commis dans nos hôpitaux, devenus de véritables morgues pour tous les patients qui n’ont pas les moyens de se payer des traitements dans des cliniques privées huppées.

Votre conscience, si à se demander si vous en avez réellement une, ne vous a jamais amenés à vous remettre en cause lorsque vous condamniez les mouvements de protestation des cheminots, enseignants, praticiens de la santé, paramédicaux, étudiants, etc. Tous ces Algériens n’ont pas cessé de faire appel à vous dans l’espoir que la justice reconnaisse enfin la légitimité de leur combat. Un combat pour une Algérie plus juste, plus transparente, plus équitable et plus démocratique. Malheureusement, ces Algériens n’ont jamais été la bouche qu’il faut à vos oreilles !

Et pour cause, vous n’avez d’yeux que pour ses autorités qui vous instrumentalisent à leur guise pour mater toute velléité de changement. Vous n’hésitez jamais à mettre en œuvre les instructions de votre ministère qui vous demande en gros de châtier le faible et de protéger le fort… Preuve en est, lorsque des gros scandales éclatent, on vous voit soudainement courber l’échine devant ces hauts responsables de l’Etat dont les noms reviennent toujours dans vos dossiers sur les détournements des deniers publics et les affaires de corruption.

Messieurs et mesdames les juges, vous n’avez éprouvé aucune peine à mettre derrière les barreaux le maire de Zéralda. Alors où est votre courage lorsque les témoins du procès de l’autoroute est-ouest ont reconnu l’implication du ministre Amar Ghoul ? Il est naturellement plus facile pour vous de s’attaquer à un maire que de convoquer un ministre ! Et une fois encore, votre courage légendaire a été au rendez-vous lors du procès du gros scandale de Sonatrach. Là encore, piètres joueurs d’échecs que vous êtes,  vous avez écarté allègrement des pions en laissant tout l’échiquier au roi et à la reine. Et ben oui, messieurs et mesdames les juges, grâce à vous, monsieur Chakib Khalil a pris le plus simplement du monde la tangente. Après avoir causé un préjudice à l’Algérie qui se chiffre en milliards de dollars, il s’enfuit à l’étranger avec votre complicité puisque vous avez refusé de l’inquiéter….

Messiers et mesdames les juges, vous êtes à vrai dire une chance et une bénédiction pour ce Pouvoir qui pille notre pays et asservit nos concitoyens. De nombreux pouvoirs mafieux dans le Monde rêvent de vous avoir. Il n’y a aucun doute à ce sujet.

Mais dormez-vous bien la nuit ? Comment vous pouvez trouver la force de fermer l’œil la nuit après avoir regardé sur vos télévisions le combat exemplaire de vos confrères tunisiens, égyptiens, syriens et yéménites. Dans ces pays, les juges ont décidé de ne plus vous ressembler. Eux, ils ont choisi définitivement le camp du Peuple et de ses revendications démocratiques. Beaucoup de vos confrères Arabes ont défié tous les appareils sécuritaires en se joignant à leurs compatriotes sur les places de Libération en scandant d’une même voix à la face des régimes corrompus ce slogan qui réchauffe tant le cœur : « dégagez ! »

Et pendant ce temps, vous messieurs et mesdames, vous vous réveillez tranquillement le matin pour aller se réfugier dans vos palais de marbre et exécuter les affaires courantes. Une sale besogne pour laquelle le Pouvoir vous offre salaires confortables et logements de fonction. Il vous a suffi de cela pour mettre en prison ces jeunes émeutiers sortis dans les rues en janvier dernier pour proclamer : à bas le pouvoir ! Ces jeunes là, vous les avez mis en prison avec une facilité déconcertante alors que les gros casseurs d’en haut qui ont violé toute une Constitution et tous les principes de la Morale n’ont jamais eu la malchance de se présenter devant vous…

Messieurs et mesdames les juges, vous n’êtes finalement que le parfait porte-drapeau d’un système politique abominable lequel survit essentiellement grâce à la répression que vous dirigez, vous aussi, en compagnie des forces de l’ordre. Et c’est pour cela que vous avez débouté les valeureux habitants de la Cité Bois des Pins qui ont déposé une plainte contre la wilaya d’Alger, laquelle assiste un puissant promoteur dans la destruction d’un espace vert et l’implantation d’un projet douteux. C’est sans doute pour cela aussi qu’un de vos confrères à Ouargla a rétorqué à un pauvre chômeur aux abois qu’il peut aller «se suicider» tant la mort est devenue «banale en Algérie» !

Oui, messieurs et mesdames les juges, avec votre aide complice, la mort, la dictature, l’injustice, la hogra, la corruption et la répression se sont banalisées en Algérie… Mais si un jour cette Algérie parlera, elle ne manquera certainement pas de vous dire que vous êtes sa pire honte….

Abderrahmane Semmar