Nous avions des doutes, à présent nous voilà « avertis ».
Malgré nos importants résultats d’audience, nous sommes boudés par les annonceurs algériens, dont certains nous avaient pourtant promis des partenariats qui n’ont jamais abouti. Nous nous demandions pourquoi ?
Nous connaissons aujourd’hui les raisons de ce blocage : Algerie-Focus est boycotté à cause de son indépendance éditoriale.
La preuve nous a été fournie par l’un de nos (ex)futurs partenaires avec qui nous étions en contact pour l’organisation d’un évènement économique dans un pays voisin.
Nous avions été sollicités pour assurer la couverture médiatique de ce forum en préparation, en qualité de partenaire média de l’évènement.
Mais, à notre grande surprise, le parton de l’agence de communication à l’initiative de ce projet, a reçu un coup de fil courroucé de la part d’un responsable travaillant au ministère de l’intérieur algérien. « Il m’a demandé de retirer le logo d’Algerie-Focus de mon site, car il considère que vous êtes un journal d’opposition » nous informe notre désormais ex-partenaire, dont ne nous dévoilerons pas l’identité afin de lui éviter d’éventuels ennuis.
« Il m’a bien fait comprendre, qu’en cas de refus de ma part, il contacterait notre ministre de l‘intérieur… je suis obligé de le faire, désolé, car j’ai peur… ».
En effet, notre logo a été retiré de son site. Nous avons tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec le ministère de l‘intérieur pour en savoir plus sur cette affaire, grâce au numéro communiqué par ledit patron, mais en vain : personne ne décroche au service presse.
Pour nous les choses sont évidentes : c’est la preuve que notre journal dérange et ce depuis pas mal de temps déjà. Mais de là à nous désigner comme un « journal d’opposition », un grand pas vient d’être franchi.
En vérité, le procédé est connu et bien rodé : quand on est hors contrôle, le mieux c’est de caler l’opportun dans la case « opposant ». Mais le sommes-nous, vraiment, des opposants ?
Ce Monsieur du ministère de l’intérieur n’avait qu’à parcourir notre « A propos », pour comprendre que nous ne le sommes pas; cet argument fallacieux ne tient pas la route. Car, faire de l’opposition induit l’appartenance à un parti politique, avec un programme et des objectifs politiques à atteindre.
Algerie-Focus ne fait pas de politique, il fait du journalisme, une grande nuance qui semble échapper à nos sbires de la pensée unique. Et le métier de journaliste implique une grande responsabilité morale et éthique pour nous, qui ne le prenons pas à la légère.
Nous avons donné la parole à des personnalités aux opinons politiques et idéologiques différentes et parfois opposées, dans le seul but de provoquer des débats, des échanges et ainsi promouvoir la liberté d’expression et la démocratie. C’est cela aussi, le travail des journalistes.
Il vaut mieux – pour l’intérêt de l’Algérie – que les confrontations d’idées et de sensibilités politiques, étheniques ou autres, aient lieux dans un cadre « neutre et pacifié », à travers des mots, des arguments, d’où peut jaillir un consensus national, plutôt que par la violence des armes qui a déjà tant meurtri notre pays par le passé.
Algerie-Focus s’inscrit dans cette logique de paix des braves. Il essaye tant bien que mal d’éveiller les consciences, de développer le sens de la critique chez nos concitoyens, d’encourager les initiatives individuelles et collectives, de mettre en évidence le génie algérien, de dégager des pistes de réflexions sur les défis de l’avenir, de prévenir les dérives, en sommes d’informer l’opinion publique.
Aussi, sommes-nous pas en adéquation avec la devise frappée au fronton de nos institutions : « République Algérienne Populaire et Démocratique » ?
Faisons-nous pas partie de cette presse libre qu’on évoque dans les discours officiels et dont notre président, Abdelaziz Bouteflika, a promis qu’elle « sera pleinement respectée, l’Etat restant déterminé à agir pour faciliter davantage encore, et à tous égards, l’exercice et le développement de la profession. »
Chiche ! Nous vous avons pris au mot.
Alors, en quoi sommes-nous des opposants ? A qui et contre quoi ?
Si aujourd’hui Algerie-Focus est visé, c’est que le contrat n’a pas été respecté par ceux-là même qui se félicitent d’avoir l’une des presses des plus « indépendantes » du monde arabe.
Vouloir nous isoler, nous coller de fausses étiquettes, organiser notre asphyxie financière, bientôt peut-être nous censurer, tout cela obéit en réalité à un projet arbitraire et anticonstitutionnel, un abus de pouvoir contre lequel nous nous « opposons » avec force.
La rédaction