Le monde de la musique n’est plus ce qu’il était, c’est une constatation que tous les acteurs de l’industrie du disque et du monde musical avouent volontiers. L’arrivé du CD, du MP3 et des différents mini –lecteurs ont tout simplement mis un gros grain de sable dans les rouages de cette mécanique. Mais la parade à cette entrave est trouvée, puisque la vente de disque ne rapporte plus, les spectacles vivants et les concerts reviennent en force permettant aux maisons de disques et aux artistes de subsister face l’impitoyable avancée de la technologie.
En Algérie, prenons le cas de la ville d’Oran, les maisons d’éditions sont touchées de plein fouet par le piratage et la prolifération des «Cocktails » et «Compilations » MP3. Ainsi, malgré les les quelques albums qui continuent à voir le jour par-ci par-là, des éditions mettent les clefs sous le paillasson, le Rai perd de sa notoriété- le Rap mettant fin à son monopole (vu l’énorme sucées des rappeurs APOKA et CHAKIR pour l’année 2009)- les concerts de qualité sont quasi inexistants et la jeunesse continuent à remplir les cafés et non les salles de cinéma ou de spectacle.
La transition est toute faite, pourquoi donc Oran, qui abrite un foyer extraordinaire d’artistes ne réussit pas à faire vibrer ses scènes ? Réponse : manque flagrant d’infrastructures. En effet, les salles de spectacles sont inexistantes et la programmation est loin d’être de qualité. Pour le peu d’établissements qui essayent de faire des choses, tel que le T.R.O (Théâtre Régional Abdel Kader Alloula), qui se retrouve l’unique prestataire de ce genre d’action, beaucoup de manque reste à gagner concernant la programmation et la qualité (Quoique la mission principale du T.R.O reste le Théâtre et non la musique).
Mais avouant le, qu’entre ce que veut la rue et ce qu’offre les salles de spectacles à Oran, il y a comme une sensation de vide intersidéral. Non seulement les salles de spectacles sont très mal entretenues, mais elles sont mal équipées. Depuis un moment, des salles sont en cours de réaménagement pour accueillir dans de bonnes conditions, le prochain festival du film arabe. Mais une fois de plus on ne fait pas les choses pour nous, mais pour eux-les autres.
Reste la corniche oranaise et ses différents cabarets pour les jeunes avides du « live», c’est une formule gagnant-gagnant pour le public et les chanteurs (de Rai surtout). Pour les autres, que ce soit les amateurs de le Rock, Pop, électro, Rap, Gnawi, etc, ou les groupes qui pratiquent ce genre de musique, il faut attendre ou bien se taper tout le circuit bureaucratique (autorisations, négociations, implorations) pour pouvoir organiser un concert « gratos ».
Le monde du spectacle a besoin de personnes spécialisées et pas de fonctionnaires. Ce qui nous ramène forcement à la problématique des nouveaux métiers, tel que : Designer, Infographiste, Ingénieur lumière, directeur artistique, agent marketing, ingénieur de son…etc. Ces métiers que l’on n’apprend malheureusement pas dans les CFPA et sans lesquels le monde du spectacle ne peut pas fonctionner correctement.
C’est peu dire, mais on a fonctionné jusqu’à présent avec un système de débrouillardise impressionnant et avec seulement la bonne volonté des gens passionnés, mais les limites de ce système se voient à chaque concert organisé et à chaque spectacle donné : gestion anarchique des spectateurs, défection de la lumière et du son, inexistence de coordination plateau, rareté de la communication et de la publicité. Seuls les grands festivals sous le patronage de tel ou de tel personnalité influente, arrivent à avoir une nuance de qualité et cela bien sûr grâce aux énormes budgets alloués qui maquillent les défaillances de l’organisation. C’est connu et mais on va prendre la peine de le répéter une énième ois : investissons sur les personnes une fois pour toute et laissons la place aux jeunes.
C’est bien triste de voir de jeunes artistes tourner en rond et ne pas être solliciter pour des concerts qui célèbrent la jeunesse et son énergie à l’instar de nos voisins immédiats, pour ne citer que le Maroc et la Tunisie. Les salles de spectacles et les institutions qui les dirigent doivent absolument récupérés les phénomènes socioculturels pour donner une dynamique à notre société. L’équation est pourtant simple : Si on investit sur les jeunes artistes (locaux), ça fera vivre les salles de spectacles et ça engendrera une vie culturelle et de l’argent pour la ville.
C’est une utopie ! Mais vaut mieux espérer, non ?
Malik BOURBIA, leader du groupe T.O.X