Notre bien-aimé pays ne finira jamais de nous étonner. Même si nous-sommes nés ici, et que nous vivons ici… Notre pays possède le don d’étonner, éternellement, même ses plus préhistoriques gravures rupestres, même ses inamovibles responsables. On ne s’ennuie jamais et c’est le seul réconfort qu’on peut tirer de ce qui va suivre.
Moi qui lis toujours la presse nationale en diagonal, je me suis retrouvé, cette nuit-là, seul, pour ne pas dire piégé, avec un seul journal, et rien d’autre pour tuer le temps et draguer le sommeil. Pas de zap, pas de clic. Seul avec un titre national. Obligé de le lire et de le faire attentivement et dans son intégralité. J’aurais du ne pas
le faire, car j’en n’aurais pas appris des choses sur cette Algérie plongée en plein chaos.
J’ai appris, par exemple, qu’en Algérie, il fallait impérativement prévenir les autorités (lesquelles ?) lorsqu’on invite un étranger chez soi, même si ce dernier est entré au pays légalement et rempli toute la paperasse inhérente à sa visite ! J’ai appris que ne pas le faire est un délit puni par la loi !
Cette nuit-là, j’ai appris qu’en Algérie, on pouvait passer 6 ans de sa vie en prison, en détention provisoire, et être acquitté par la suite, c’est-à-dire qu’on pouvait moisir en prison pour des faits que l’on n’a pas commis ! J’ai appris que cette ineptie est considéré chez-nous comme une «victoire» de la Justice et ce, de l’aveu même d’un avocat.
J’ai appris, aussi, que mon pays, considère que les classements des Universités à travers le monde sont «biaisés» et qu’ils n’avaient, de ce fait, aucune crédibilité aux yeux de nos responsables. J’ai appris que ces mêmes classements n’ont pas trouvé de place dans les 8.000 disponibles, aux Universités algériennes. Je me suis rappelé que ces mêmes classements que mon pays a décidé d’ignorer, ont déclenché, ailleurs, des réformes entières et fondamentales de tout le système éducatif.
J’en ai déduit que demain ne sera pas meilleur pour nos Université qui continueront à produire des diplômés creux et aussi inconsistants que les plats de leurs Restos.
J’ai appris aussi que l’aviation militaire algérienne avait été mise en alerte, parce que des avions israéliens sillonnaient le ciel méditerranéen dans le cadre des manœuvres de l’OTAN.
Je ne savais pas comment prendre cette nouvelle. Devait-elle me réconforter ? Devait-elle m’inquiéter d’avantage? Et puis je me suis rappelé du classement des Universités, pour plonger, par la suite, dans un désespoir profond. Comment imaginer, en effet, notre pays gagner une guerre, ou la mener, s’il n’arrive pas à gérer une Poste dans une période de paix?
J’en arrive à ma dernière leçon d’algérianisme pur et je lis que le ministre du culte estime que les couacs de la saison du Hadj 2010 sont l’œuvre, selon lui, des Hadjis eux-mêmes.
Pis encore, il lance au journal en question cette phrase mesquine qui mérite au moins une peine plus lourde que celle infligée aux rappeurs de Chlef.
Goulamallah n’a pas trouvé mieux pour commenter les ratages de la mission qui accompagnait les Hadjis algériens qu’en lançant, à l’égard de ces dernier : «c’est bien fait pour eux».
Je termine ma lecture et je tombe raid-mort dans les bras de Morphée. J’ai fait une overdose de mon propre pays.
Hicham A.