Des universitaires et chercheurs algériens spécialisés dans l’histoire de la guerre de libération nationale ont plaidé jeudi à Alger pour l’utilisation des archives existantes en Algérie et en France en vue de dresser un bilan des crimes des 132 ans de présence coloniale française en Algérie.
Intervenant à la conférence sur les crimes de la colonisation française en Algérie, organisée par les trois partis de l’Alliance présidentielle, le président de l’Union nationale des historiens algériens, Youcef Menasria, a mis l’accent sur la « nécessité » de créer, à cet effet, des laboratoires de recherche historique composés d’historiens, de médecins et de biologistes.
Pareille initiative permettrait, selon lui, de « répertorier les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés par les autorités d’occupation française tout au long des 132 ans de colonisation », notamment par l’usage de l’armement chimique, a relève ce spécialiste.
M. Menasria a cité, à ce titre, les produits chimiques « hautement toxique » utilisés par l’armée d’occupation le long des frontières est et ouest du pays, lors de la mise en place des lignes électrifiées Challe et Morice.
Ces produits, a-t-il expliqué, étaient destinés à l’anéantissement de la flore dans ces endroits afin, a-t-il dit, de mieux les maîtriser sur le plan militaire.
C’est ainsi qu’il a révélé l’existence de documents relatifs à l’utilisation par l’armée coloniale, dans les maquis de la Révolution, de produits chimiques fluides et d’autres armes à gaz, Il a appelé, dans ce cadre, le ministère des Moudjahidine pour qu’il diligente des « enquêtes » sur le terrain pour identifier les victimes encore en vie, dont un nombre important de djounoud de l’Armée de libération nationale
et qui garde encore les stigmates de ces armes prohibées.
De son côté, l’universitaire El Ghali Ghrabi de l’Institut d’Histoire d’Alger, a indiqué, dans son intervention sur les formes de torture auxquelles les autorités coloniales ont eu recours durant la guerre de libération nationale, que la pratique de la torture était « systématique et utilisée à grande échelle par l’armée coloniale, dès le début de la guerre ». Il a cependant déploré le fait que cette thématique « n’a pas été suffisamment explorée » par les chercheurs et les spécialistes dans le domaine ». L’universitaire Gharbi qui a souligné que « dès 1957, la question de la torture était ouvertement évoquée en France », a mis l’accent sur la désapprobation de ces pratiques par des intellectuels français, qui avaient promptement réagi, dès la publication des premiers écrits faisant état de torture durant la Révolution.
Pour le Dr Tlemçani Ben Youcef, les massacres collectifs et les crimes de guerre ont commencé en Algérie dès les premières années de la colonisation, en tout cas bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale, et a ainsi cité le cas du massacre commis par le général Pélissier à Blida, en juillet 1930.
Il a étayé son propos en se référant aux écrits de Pélissier notamment dans son récit « Annales algériennes » dans lequel, a souligné le Dr Tlemçani, il existe des indications claires sur « un crime de guerre à grande échelle ». M. Tlemçani a également cité, dans ce contexte, « les « enfumades » du Dahra, le 10 juin 1845, qui ont coûté la vie à plus d’un millier de personnes des tribus des Ouled Riah et des Ouled Khelouf ».
APS