Politique migratoire de la France : Un historien fustige un « mensonge d’Etat »

Redaction

L’historien et spécialiste des questions de citoyenneté, Olivier Le Cour Grand-Maison, a fustigé dans l’hebdomadaire Politis la politique migratoire de la France, évoquant un « mensonge d’Etat » pour faire accroire notamment à une « augmentation » des réfugiés présents dans l’Hexagone. « Le mensonge d’Etat, la caricature racoleuse et les propos hyperboliques sont désormais érigés en méthode de gouvernement par des ministres et des responsables politiques qui se comportent comme de vulgaires bateleurs et affichent un mépris souverain pour la vérité et les données statistiques pourtant établies par des institutions reconnues », s’est-il indigné, dans une libre tribune intitulée « faire cesser l’inacceptable ».

L’historien en veut pour preuves les déclarations du ministre de l’intérieur sur le nombre des musulmans estimé entre 5 et 10 millions, alors qu’une enquête de l’Institut national de la statistique économique (Insee) et celui des études démographiques (Ined) démontre qu’ils ne sont que 2,1 millions.

En matière d’asile, l’auteur de « Douce France » cite un rapport d’activité de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpa) qui révèle que le taux global d’admissions ayant débouché sur l’octroi du statut de réfugiés est passé de 29,4 % en 2009 à 27,5 en 2010, ce qui représente 10.340 personnes pour cette dernière année. « Laxisme des pratiques et invasion dites-vous ? « , s’interroge-t-il, avant de répondre qu’il ne s’agit que de « sordides tromperies, bien plutôt, distillées par une majorité prête à tout pour tenter d’éviter la déroute du chef de l’Etat ».

Après les « clandestins » et les Roms, désignés comme des « ennemis intérieurs » jugés dangereux, ce « sont les immigrés en situation régulière et les réfugiés qui sont visés et accusés de prendre le travail des Français, voire de nuire à leur niveau de salaire », relève l’historien pour qui « affolée par les succès du Front national, la majorité a tranché : l’immigration et la sécurité seront au centre des priorités gouvernementales pour les mois à venir ».

Cette tribune libre de l’historien français parait au moment où doit se tenir ce mardi à Rome un sommet Franco-italien avec au menu principalement l’immigration tunisienne, un dossier qui a été à l’origine d’une grande tension dans les relations diplomatiques entre les deux pays, Paris menaçant même, dans un premier temps, de suspendre les accords de Schengen de libre circulation.

RAF