Le nouveau projet de loi de finances 2014, qui est en cours d’examen à l’Assemblée populaire nationale, consacre à nouveau une insupportable évidence « made in Algérie ». Notre gouvernement, nos autorités, notre Etat, dans ses prévisions budgétaires, se préoccupe davantage de son passé que de son futur.
Une fois encore, le ministère des Moudjahidine bénéficiera d’un budget nettement supérieur à celui de plusieurs autres départements qui gèrent, pourtant, des secteurs stratégiques à l’image de l’agriculture et de la justice. Selon le texte de cette nouvelle loi de finances, il sera alloué au ministère des Moudjahidine plus de 241 milliards de DA en 2014. Ce ministère voit ainsi son budget augmenter de 20 milliards de DA par rapport à l’année dernière. Une importante rallonge budgétaire pour un ministère qui gère les intérêts de nos anciens combattants. Une mission certainement noble. Mais est-elle plus importante, plus cruciale pour l’avenir du pays, que la sécurité alimentaire ? En effet, le ministère de l’Agriculture dispose, quant à lui, de 233 milliards de DA, soit 8 milliards de moins que le département des Moudjahidine. L’Algérie qui subit de plein fouet la dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger se permet donc d’investir davantage sur la prise en charge d’une frange minoritaire de la population, une frange à laquelle nous devons naturellement gratitude et reconnaissance, que de miser sur la modernisation de son agriculture, encore déficiente, traditionnelle et désorganisée.
Et dans un pays où les citoyens ne cessent de réclamer un Etat de droit et une justice équitable, ce qui nécessite des réformes et changements majeurs, le secteur de la justice se retrouve, lui-aussi, distancé par le département des Moujahidine. En 2014, la justice algérienne ne disposera que que de 72 milliards de DA pour assurer son fonctionnement et améliorer ses prestations. De ce fait, le budget de la justice ne représente que le tiers du jackpot offert aux Moudjahidine. Cette dernière catégorie de la population a été donc réellement gâtée. Beaucoup plus gâtée que les secteurs de l’Eau, l’Energie, les Affaires Etrangères, les Affaires Religieuses, les Transports, l’Enseignement supérieur etc. Cela en dit long sur le projet politique et sociétale façonné par le régime pour l’avenir de l’Algérie.