Privés de médicaments, des malades porteurs du VIH/SIDA brisent le tabou et observent un rassemblement à Oran

Redaction

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Furieux sont les malades porteurs du VIH/SIDA à Oran, qui ont observé, jeudi 28 juillet, un rassemblement de protestation face à l’observatoire régional de la santé, situé au quartier Gambetta. Ils étaient une dizaines de personnes à être présentes ce jour là, pour y dénoncer la énième rupture des antirétroviraux qui perdure cette fois-ci depuis plusieurs semaines. Le choix du rassemblement n’est pas fortuit puisque c’est là, également, où se trouve le siège d’une association de lutte contre le SIDA (APCS) qui gère en même temps l’unique centre anonyme de dépistage.

Les personnes porteuses du VIH ont, quelques jours auparavant, lancé un appel de détresse par le biais de la presse pour alerte les responsables et l’opinion publique sur leur situation critique.

En effet, alors que les données sur le nombre de personnes séropositives sont très sous estimées à l’échelle nationale, à Oran on évoque quelques 1 200 personnes suivies au niveau du service infectieux du CHUO et qui sont placées sous traitement dit de trithérapie, les antirétroviraux étant fournis uniquement par la pharmacie central des hôpitaux (PCH).

Les malades pour qui ce traitement est vital, dénoncent une rupture récurrente de médicaments qui n’existent qu’à Oran, y voyant ainsi une mauvaise gestion doublée d’une incompétence et indifférence à leur égard. Car pour les porteurs du VIH la moindre interruption de la prise des antirétroviraux est fatale pour eux, leur état peut s’aggraver et ils risquent carrément la mort.

Par ailleurs, l’arrêt de la prise des antirétroviraux renforce la résistance du virus et rend le traitement quasi inefficace. C’est pour ces raisons que les malades atteints par le VIH/ SIDA ont choisi de briser le tabou et de s’exposer au grand jour pour dénoncer la situation qu’ils vivent. Une démarche qui n’a pas été facile dans une société où le SIDA reste une maladie honteuse que l’on cache.

En 2006, 2009 et 2010, plusieurs ruptures de stocks des antirétroviraux ont été signalées à Oran. Et cette année encore. Mais à chaque fois aucune explication n’est fournie aux malades, et pis encore les responsables en charge de la santé ne réagissent pas. Il est arrivé que des ministres nient tout bonnement ces pénuries et l’on peut même évoquer la cas de l’agression par l’ancien ministre Tou d’une journaliste l’interpellant sur l’une de ces ruptures à l’époque.

Cela justifie amplement la démarche des malades ce jeudi, où de ceux qui ont tenté de déposer des plaintes pour non assistance à personnes en danger, plaintes qui ont été classées sans suite.

A l’heure où l’Algérie dispose de réserves de change faramineuses sans compter l’aide de 50 millions de dollars accordée par le fond Mondial contre le SIDA, l’on s’interroge comment l’Etat puisse ignorer la detresse de ces malades.

Fayçal Moulay