La production de phosphate était jusqu’à présent la chasse gardée de quelques pays à savoir le Maroc, les Etats-Unis et la Chine mais les projets développés par l’Algérie dans ce domaine pourraient changer la donne. L’Algérie a décidé de mettre le paquet en investissant massivement dans ce secteur porteur et ambitionne de se hisser au rang de grand producteur en optimisant l’exploitation de son potentiel. C’est donc dans le cadre de cette stratégie à moyen et long terme que trois plateformes d’exploitation de phosphate seront mises en place pour un coût de 5 milliards d’euros, dans l’Est du pays. L’Algérie s’est associée avec l’Australie, l’Inde et le Pakistan afin de porter sa production annuelle de 1,5 millions de tonnes actuellement à 12 millions de tonnes dans cinq ans. Cette même quantité sera triplée d’ici 2020 pour atteindre près de 30 millions de tonnes. Elle talonnera ainsi le voisin marocain qui fait partie du gotha des plus grands producteurs et laissera derrière elle la Tunisie, dont la production actuelle en phosphate est estimée à 8 millions de tonnes par an. Tout a été mûrement réfléchi et d’autres secteurs ont été mis à contribution afin de réussir ce défi qui permettra à l’Algérie d’avoir des revenus en devises conséquentes en sus des recettes pétrolières.
Création d’emplois
Ainsi, le transport entre ces trois plateformes de phosphate sera facilité par la nouvelle ligne ferroviaire Tébessa/M’lila, au rythme de 15 à 16 trains par jour. La production qui sera rassemblée dans le complexe de Bouchegouf sera destinée à l’export via le port d’Annaba, dont les projets d’extension sont à l’étude pour augmenter sa capacité de transbordement de 15 millions de tonnes par an. Deux autres complexes sont également prévus dans les environs de Mdarouche et de Jijel. Cette dernière, située à quelque 350 km à l’Est de la capitale, sera dotée d’une capacité de transformation de 12 à 14 millions de tonnes. Ces complexes industriels seront alimentés en puisant dans les réserves de phosphate du pays, qui sont estimées à hauteur de 2 milliards de tonnes, ce qui est suffisant pour alimenter l’industrie à son niveau actuel de production pendant une période de 65 ans. La cheville ouvrière de cette stratégie est l’entreprise nationale algérienne du fer et phosphate (Ferphos), l’un des fleurons de l’industrie pétrochimique algérienne. Ferphos exploitera le bassin de Djebel Onk, dans la région de Tébessa, à moins de 20 km de la frontière tunisienne et dont les réserves prouvées sont estimées à plus de 2 milliards de tonnes de phosphate. Ce projet permettra la création de 6.000 emplois et devrait générer des recettes qui dépasseront les 2,35 milliards de dollars/an. Selon les estimations officielles, à partir de 2020, l’Algérie passera à un niveau de production avoisinant les 30 millions de tonnes de phosphate par an, et engrangera des recettes en devises situées entre sept à huit milliards de dollars par an.
Y.I.
Avec Le Financier