Quand j’étais riche !

Redaction

Quand j’étais riche, je n’aimais pas les pauvres, je trouvais qu’ils étaient fainéants, grincheux, pleurnichards et sans intérêt. Quand j’étais riche, j’étais optimiste et je ne pouvais comprendre le pessimisme des pauvres.

Quand j’étais riche, j’étais confiant et serein et je n’acceptais pas l’angoisse des pauvres. Ces pauvres qui prennent un peu trop d’espace et qui polluent mon décor imaginaire d’un pays qui avance, parce que j’y faisais de bonnes affaires.

Quand j’étais riche, j’étais égoïste et je prétendais que c’était une valeur à défendre. Quand j’étais riche, j’étais paresseux et j’estimais que l’empathie était le propre des faibles.

Quand j’étais riche, j’étais fort, parce que dans mon pays, seul l’argent est la mesure de l’homme et je ne pouvais concevoir qu’on pouvait être faible, vulnérable et fragile.

Quand j’étais riche, j’adulais le Pouvoir, parce que ce n’est qu’à lui que je devais ce que je suis devenu. Quand j’étais riche, je ne pouvais tolérer d’être contredit par un moins riche que moi, parce que comme moi, ma mesure était corrompue.

Quand j’étais riche, la seule chose que j’appréciais chez mes employés était leur silence et leur résignation, car je ne pouvais tolérer aussi une quelconque revendication.

Pour moi, un pauvre n’est là que parce qu’il a des riches et que de ce fait, il fallait qu’il apprenne que son seul droit était de garder le silence et de servir. Quand j’étais riche, j’aimais Bouteflika et j’aimais son Algérie.

Quand j’étais riche, j’étais un monstre.

Heureusement que je ne l’ai jamais été !

Hicham A.